Depuis bien trop longtemps, la laïcité se réduit à l’article premier de la
loi de la loi de 1905 concernant la séparation des Eglises à savoir
: « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit
le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après
dans l’intérêt de l’ordre public. », or c’est oublié que dans
son article 2, la loi dispose que « La République ne
reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » Depuis
plusieurs années, la mairie de Paris finance à coûts de subvention, les crèches
confessionnelles ou la nuit du Ramadan ou encore renomme le parvis de
Notre-Dame en place Jean-Paul II. Bref, elle reconnait et finance les
communautés religieuses…. Mais ce n’est pas tout.
Dans un article daté du 14 avril et publié sur le site 20
minutes, nous apprenons que : « la Ville de Paris va louer au Conseil français du culte
musulman (CFCM) les locaux qu’il occupe actuellement pour un loyer symbolique
de 100 euros par an, selon une délibération approuvée mardi par le Conseil de
Paris. » Ce loyer faible correspondrait à
une aide en
nature de plus de 30 000 €. A la mairie de Paris, on se drape derrière les
mots. Le premier adjoint socialiste Bruno Julliard ose même : « Si le CFCM a bien une vocation de représentation du culte,
il n’est pas une association cultuelle ». La pilule reste amère
et dure à avaler. Si le CFCM n’est pas une association cultuelle, mais alors
qu’est-ce que c’est ? Un club de foot ? Une association promouvant le
vivre-ensemble ? Une amicale de chanteurs a cappella ? Lors du débat sur le mariage pour tous, le CFCM expliquait que « la non-conformité du
«mariage homosexuel» avec les principes de la jurisprudence musulmane[faisait] l’unanimité au sein de toutes les écoles juridiques
musulmanes. » et que par conséquent il s’opposait à
l’adoption de la loi. C’est bien au nom de la religion que le CFCM portait ses
arguments ? Non ? Comment monsieur Julliard a-t-il pu oublier et
comment peut-il expliquer aujourd’hui que le CFCM n’est pas une association
cultuelle ?
Lors de la séance du 20 avril 1905, Aristide Briand déclarait à l’Assemblée
nationale : « Si, à côté d’elle (l’église
catholique), une autre Association se forme pour un culte différent, il n’est
que juste qu’elle se constitue, elle-même et par ses propres moyens, un
patrimoine. » Ce n’est donc ni à l’Etat, ni à la
collectivité de se substituer à un culte pour établir son patrimoine. En
cela, la mairie de Paris contrevient non seulement à la loi de 1905, mais aussi
à son esprit.
Quand demain,
la conférence des évêques de France ou une association Loubavitch demanderont,
au nom de l’équité, des locaux à prix modéré, que répondra le premier adjoint ?
Que veut-il au juste ? Une nouvelle guerre des religions ? Une
communautarisation galopante de notre société ? Que les Français, avant d’être
d’abord des citoyens à part entière, soit avant tout des musulmans de France,
des catholiques de France, des juifs de France voire des athées de France ? Le
premier adjoint est-il un républicain laïque ou un démocrate communautariste
?
A l’heure où
le hold-up sémantique de la droite récupérant le mot « les
Républicains », une partie de la gauche en abandonne même le sens. Il est
temps de se ressaisir. La laïcité, c’est la liberté absolue de conscience, de
croire ou de ne pas croire, mais c’est aussi la liberté de cultes. Cette
liberté ne s’exerce que si la frontière entre le politique et les religions ne
souffre d’aucune porosité, d’un côté comme de l’autre. La mairie de Paris
ressemble malheureusement de plus en plus à une passoire.
PS : Heureusement que la seule élue
du Parti de Gauche au Conseil de Paris, Danielle Simonnet était pour
dénoncer cette délibération de la mairie de Paris qu’elle qualifie de
: «Totalement scandaleuse !»
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