Ce titre* d’un article paru dans le monde diplomatique de
juillet 2013 fait la synthèse d’une étude scientifique réalisée par le Clersé
(Centre Lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques) sur « le
coût du capital et son surcoût ».
Cette étude nous rappelle que la question de la
compétitivité est un jeu à somme nulle. Ce que l’on gagne en part de marché
correspond à une perte pour un autre pays (à l’intérieur et à l’extérieur de
l’Europe) et donc au bout du compte c’est « la terre qui a un problème
de compétitivité »[1]. Ou
inversement si tout le monde est compétitif avec toutes ses conséquences
sociales, on n’est pas plus avancé dans ce système de concurrence de tous
contre tous.
Mais surtout ce dont souffre la France, c’est d’un coût
du capital prohibitif passé sous silence et non un problème de supposé
surcoût du travail.
Les auteurs de cette étude ce sont intéressés à
la partie du
coût financier du capital (CFC). Ce CFC est constitué entre autres des taux
d’intérêts versés par les entreprises aux banques pour les emprunts contractés
(finançant les investissements, la recherche, …) et/ ou et les dividendes
versées aux actionnaires. Or ils constatent que ce coût financier du
capital pour l’entreprise, s’est élevé considérablement depuis les années 1980.
Ils évaluent ce surcoût du capital rien qu’en 2011 pour
l’ensemble des sociétés non financières en France à 94,7milliards (Mds) !
Ce qui équivaut à un surcoût de 50 % du capital (voire 70%°) !
Par exemple cela signifie que lorsque « les travailleurs sont capables
de produire un bien pour 100 euros (incluant la marge de profit), il en coûte
en fait à l’entreprise 150 à 170 euros à cause d’un acquittement d’une rente
non justifié aux prêteurs d’argents. »
On pourrait faire l’économie de ce surcoût par un système de
crédit bancaire[2] en facturant au plus bas
coût les taux d’intérêts, en diminuant la part du financement par actionnariat[3] et en
limitant les dividendes qui sont passés de 3% de la part de la valeur ajoutée
en 1980 à 9% actuellement[4].
(Selon la CGT,
les dividendes versées représentaient 10 jours de travail par salarié en 1981
contre 45 jours en 2012, soit 4,5 fois plus).
Ce surcoût du capital révèle un transfert des richesses
produites considérable vers les prêteurs et actionnaires, totalement
injustifié. Le transfert de 10 point en moyenne de la valeur ajouté (VA) des
salaires vers le capital[5]
(actionnaire et intérêts) depuis les années 1980 en est l’illustration (67% de la VA pour les salaires en 1980
contre 57% actuellement.). C’est la transformation du capitalisme industriel en
capitalisme financier.
A l’heure où il faudrait entamer une transition écologique
et sociale de nos économies, ce surcoût siphonne depuis longtemps les dépenses
d’investissement et de recherche (créatrices d’emplois).
[1] Ajoutons dans la question
de la compétitivité de l’Europe à l’exportation, le problème du taux de l’euro
qui est surévalué par rapport au dollar (un euro égale 1,34 $ au 7/11/2013
alors qu’au départ en 2002 c’était 1$ pour 0.90 euros).
[2] La banque publique
d’investissement (BPI) pourrait avoir ce rôle qui est très minoré actuellement.
[3] On est passé en France
pour le poids des actions dans les sources de financement des entreprises de
28% en 1979 à plus de 55% actuellement.
[4] C’est aussi la demande de rentabilité d’au moins 15% par
les fonds de pensions,… sur leurs fonds investis et qui de l’avis de tous ne
correspond pas à la réalité économique (7 à 8% serait raisonnable).
[5] Concrètement dans les
années 1980, 10 à 20 % des bénéfices étaient redistribués en dividende et en
2012 nous sommes à 50% (Sur 80 Mds de bénéfice du CAC 40, 40 Mds vont être
redistribués en dividendes pour 2013).
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