par
ses élèves de Bourgneuf-en-Mauges
De
1950 à 1975, Claude Pavageau a été instituteur à Bourgneuf-en-Mauges où la « carte
scolaire » était un peu particulière.
Toutes les familles envoyaient leurs filles à l'école catholique
privée et leurs garçons à l'école publique ; c'était comme ça et bien peu y
trouvait à redire. Le fils de la directrice de l'école privée suivit les classes
de M. Pavageau comme tous les autres. Aujourd'hui, les plus anciens élèves de ces
années ont plus de 70 ans, les plus jeunes moins de 50. Pendant un quart de siècle,
des oncles et des neveux, six frères d'une même famille se sont assis sur les bancs
de l'école jouxtant la mairie.
Chaque
génération, chaque classe même, a bien sûr ses propres souvenirs de l'école
primaire, pour les plus anciens: la préparation au certificat d'études ; pour
les plus jeunes : le passage de la journée de
congé du jeudi au mercredi ... Mais
pour tous, demeurent de M. Pavageau des images marquantes, hormis celles reçues
- ou pas – le samedi midi après une semaine de travail méritoire. Pour un gamin
de 9 ans qui faisait sa rentrée dans sa classe, ce qui frappait d'abord c'était
une impression de puissance : une carrure, une voix, un regard, tout imposait le
respect. Qui parmi les élèves n'a pas entendu de la part de ses parents : « Tu verras
quand tu seras chez M. Pavageau ! » ou bien: «Je vais le dire à M. Pavageau
! » Phrases qui suscitaient toujours quelque inquiétude chez ceux qui faisaient
les 400 coups mais qui marquaient surtout la reconnaissance de la référence
morale de l'instituteur, sévère et juste, que tout le monde appréciait. Dans la
classe, il fallait faire la preuve de l'état d'usure avancé d'une plume Sergent
Major avant d'en obtenir une nouvelle, économie oblige. Outre les
apprentissages en français et mathématiques, il y avait les séances de dessin, de
sciences naturelles, de géographie: la carte de France administrative complète,
levée à la main et qui inévitablement réduisait de moitié la superficie des
derniers départements tracés... Dans la cour, peu de jeux de ballon : trop
risqués pour les grands carreaux des hautes fenêtres. Sous le sable, des petits
carrés de formica blanc fichés en terre avec des pointes de 90 afin de bien
marquer les emplacements pour des figures de lendit parfaitement alignées. Dans
la vitrine-bibliothèque, un fanion gagné au niveau cantonal rappelait aux générations
postérieures l'exploit de leurs prédécesseurs. Sous le préau, suspendue à la
plus grosse poutre, la corde lisse et, à côté, sur un portant métallique - fabrication
maison - un vieux moteur de Simca qui servait à l'apprentissage des rudiments
de mécanique.
Au-delà
de la nostalgie bien souvent associée au temps de l'école et de l'enfance, les
anciens élèves de M. Pavageau se rappellent avec émotion avoir connu, respecté
et apprécié « Quelqu'un » qui était convaincu de son rôle de formateur et qui
leur a enseigné avec enthousiasme ce qui ne s'oublie pas. Ensuite, il s'est
toujours intéressé à ce qu'ils devenaient, heureux d'apprendre qu'untel « marchait
bien », que tel autre « s'était bien débrouillé ». Toujours content de les
revoir chez lui à Angers, ou à Bourgneuf, par exemple lors d'un mariage où il
reconstitua, impromptu, une chorale d'anciens élèves de tous âges et leur fit chanter
encore une fois La Volga...
En
adressant à M. Pavageau un dernier salut plein d'affection, nous n'oublions pas
que nous avons aussi été, et auparavant, des élèves de Mme Pavageau et nous l'assurons
de toute notre sympathie en ce pénible moment.
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