“ La
France dispose d’un patrimoine linguistique d’une grande richesse A côté du
français, langue nationale, et dont le caractère officiel est inscrit depuis
1992 dans la Constitution, les langues de France sont votre bien commun, elles
contribuent à la créativité de notre pays et à
son rayonnement culturel ”. Extrait de la déclaration de la
Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF
auprès du Ministère de la culture, crée en 2001).
Les
langues de France, langues régionales, minoritaires, parlées sur le territoire
français et non représentatives d’un état, les langues de France “ sont à considérer comme des moyens
d’invention culturelle, comme les composants d’un ensemble polyphonique ou
s’exprime librement les univers imaginaires, intellectuels et affectifs des
hommes et des femmes de notre pays ” (déclaration DGLFFLF). Ces mots
peuvent paraître surprenants à ceux qui ont, malgré tout, pratiqué ces langues,
depuis un siècle. C’est tout de même mieux que
“ Il est interdit de cracher et parler breton.. ”
“ Il est interdit de cracher et parler breton.. ”
Tout
cela s’inspire de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, charte dite de Budapest et que
la France n’a que partiellement signée le 7 mai 1999.
On
dénombre plus de 75 langues en métropole et outremer.
En
1999, le recensement révélait qu’un quart des adultes avaient, dans leur
enfance pratiqué une autre langue que le français.
Les
langues régionales, pour devenir langues de France, doivent être reconnues par
la DGLFLF Ainsi, la langue angevine a-t-elle été reconnue comme telle le
18/01/2006 après démarches et constitution du dossier par l’Association des
amis du folklore et des parlers d’Anjou (AAFPA). Cette association continue de
publier des textes en angevin dans sa revue trimestrielle “ L’Anjou, journan d’nont temps ” et
d’éditer des œuvres des auteurs ayant écrit dans cette langue.
Que reproche-t-on aux
langues régionales ?
Quels
sont les arguments qui retinrent la main du représentant français à Budapest,
M. Moscovici, et ne lui permirent de signer que 33 articles sur 98 ?
Les
langues régionales menacent l’unicité du peuple français et l’unité
nationale ; elles sont contraires aux principes d’indivisibilité de la
République et d’égalité devant la loi. L’un des opposants avança même les
risques d’une “ balkanisation de la
France ” (J.P. Chevènement).
Il
vaut mieux en rire pour ne pas avoir à en pleurer.
Nous
frémissons encore des risques encourus par la République lorsqu’en 2006 nous
avons célébré le 60eme anniversaire du décès du poète Marc Lecler en contant
quelques uns de ses rimiaux angevins.
Toujours
est-il que les souverainistes de tout poil, de gauche comme de droite, appuyés
par le Conseil constitutionnel (décision du 16 juin 1999) obtinrent
l’incompatibilité de la charte.
Néanmoins
la légitimité des langues minoritaires sort renforcée. L’aide octroyée aux
organismes de défense des langues régionales, en France, n’a guère été
augmentée (participation de l’Europe).
La
loi du 4 Août 1994 continue d’être appliquée.
Tant
que l’Ecole, l’Université d’abord (formation des maîtres), ne s’impliquera pas
davantage (surtout pour les “ petites ”
langues), tant que l’accès aux médias audio-visuels ne sera pas acquis, la
disparition programmée des langues régionales continuera. Et dans quelques
mois, quelques années et pour les plus fortes quelques décennies, les langues
disparaîtront et les larmes de crocodile, “ Quel dommage, c’est une civilisation qui disparaît ”pourront
se répandre. Qu’en sera -t-il,d’ailleurs du français lui-même, au nom duquel on
aura laissé périr les autres langues du pays ?
“ Cette défense crispée d’une unité nationale
nullement menacée touche à une forme d’intégrisme républicain ”
écrivait Yves Boulie. Treize ans après Budapest, il est difficile d’apercevoir
des progrès dans le domaine des langues régionales comme dans celui de la
démocratie.
Il ne faut pas désespérer.
En
avril 2007, N.Sarkozy avait dit : “ On assiste, en ce moment, à la disparition des dernières générations de
locuteurs “ naturels ” et, malheureusement, avec elle à la
disparition de la transmission familiale de ces langues. Dans ces conditions,
l’enseignement est devenu, depuis quelques années, la voie privilégiée et
déterminante de la sauvegarde de notre patrimoine linguistique… Faut-il
consolider juridiquement cette dynamique ? Je le pense. ”
(Extrait de .Ménard in “ Bretons ”
avril 2007).
Combien
de postes d’enseignants des langues régionales ont été créés ?.... On en
a, sans doute, supprimé. “ La mort
d’une langue c’est un pan de l’humanité qui s’écroule ” (Lang
28.5.2001).
Chaque
homme, chaque organisme sait qu’un jour, il va mourir, cela ne l’empêche pas,
néanmoins, de poursuivre la lutte pour sa vie, sa survie. Ainsi en va-t-il des
langues du monde. Chaque année, il en meurt. L’atlas 2009 de l’UNESCO estime à
2500 sur environ 7000 le nombre de langues en péril.
Il
ne faut pas encore désespérer. Certains linguistes, certaines associations
essaient de maintenir l’existence de langues vernaculaires en France. Certaines
d’entre elles sont vigoureuses et parlées par des centaines de milliers, voire
davantage, d’individus. D’autres ne sont presque plus pratiquées et survivent
encore par l’écriture et l’écoute de conteurs ou de poètes, dans des réunions publiques
ou privées. Pour celles-ci, il faut se hâter. Quand il n’y aura plus de
locuteurs, après le départ des derniers auditeurs (nés avant 1940 ?), on
pourra rédiger l’épitaphe.
En
attendant, il ne faut plus avoir honte de parler la langue de son “ pays ”, de sa région. Créons des
livres, des CD… en notre langue.
Il
ne s’agit pas, en Anjou, de remplacer le français par l’angevin mais seulement
de laisser subsister à côté de la langue nationale, une parole angevine.
Paul
Graindorge
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