lundi 30 septembre 2019

La bataille du recueil des soutiens dans le cadre de la procédure du RIP

Alors que la procédure de recueil se réalise en application d'une disposition constitutionnelle semblable à l'organisation des élections, ni les pouvoirs publics, ni bon nombre d'hommes politiques, ni les médias dominants ne semblent attachés à ce que les citoyens soient pleinement informés des enjeux de la dite procédure.

En premier lieu, voyons comment l'électeur peut formuler son soutien.
Il peut se rendre sur le site du Ministère de l'intérieur referendum.interieur.gouv.fr/consultation.
Reste alors à fournir toutes les informations demandées, ce qui nécessite de se munir de sa carte d'identité et de sa carte électorale, seules les personnes inscrites sur les listes électorales pouvant exprimer leur soutien.
L'exercice est assez long et compliqué en ce sens qu'il ne faut omettre aucun élément comme par exemple les prénoms figurant sur la carte d'électeur séparés par un espace et non une virgule.
Il est possible d'obtenir un récépissé de votre soutien et, muni de celui-ci de vérifier que votre soutien a bien été enregistré.
Le peu de facilité d'utilisation du site a fait l'objet de nombreuses critiques ainsi que les dysfonctionnements constatés.
Pour celles et ceux qui n'ont pas accès à internet ou qui préfèrent formuler leur soutien sur papier, il est possible de se rendre dans un certain nombre de mairies désignées par arrêté préfectoral.
On le voit, il faut vraiment être convaincu de l'intérêt de la consultation pour s'y impliquer.
C'est d'autant plus vrai que le gouvernement ne met en œuvre aucun dispositif ne serait-ce que pour rendre largement publique la procédure en cours.
Ainsi,
il se refuse à mettre en place un compteur des soutiens enregistrés permettant au corps électoral de connaître l'état d'avancement des soutiens recueillis, information utile puisque l'issue du processus dépend du nombre total de soutiens nécessaires (4,7 millions) dans une durée limitée à neuf mois soit jusqu'à mi-mars 2020.
Ce comptage fait l'objet d'un contrôle et d'un suivi par le Conseil constitutionnel.
Sollicité, celui-ci a d'abord annoncé qu'il fournirait les chiffres à la fin de chaque mois. Suite à la protestation de parlementaires et aux recours déposés par certains électeurs, le Conseil dans un communiqué du 30 juillet a annoncé l'enregistrement de 615 000 soutiens et sa décision de fournir un décompte tous les quinze jours.
Reste la question du traitement de ce sujet par les médias dominants.
Courant juillet, une délégation de parlementaires à l'initiative du RIP a saisi le CSA pour protester contre l'insuffisance du traitement du processus référendaire par les chaînes publiques.
Dans un communiqué le CSA a répondu que « La loi n'a pas prévu de dispositif particulier pendant le recueil des soutiens » et
« qu' "il appartient aux médias audiovisuels, publics ou privés de déterminer librement les modalités d'information des citoyens, dans le respect des règles de pluralisme et d'honnêteté de l'information en vigueur. ».
Pas de doute, suivant les recommandations du CSA, les médias « déterminent librement les modalités d'information des citoyens » ... en pratiquant un silence quasi total sur le sujet y compris dans la presse locale.
Des journalistes indépendants ont comparé la couverture médiatique respective du « grand débat » initié par le Président de la république et de la procédure référendaire dans l'ensemble de la presse écrite et au JT de France 2.
Comme on dit, il n'y a pas photo.
Pour le le premier mois du « grand débat », ils ont compté 13 000 articles et 24 sujets – soit pratiquement un par jour – au JT de France 2.
Pour le premier mois du recueil des soutiens au référendum, ils sont relevé 500 articles et un seul sujet au JT de France 2.
Il y bien là une volonté largement partagée de la part des grands médias d'ignorer ce processus de consultation.
Pour mémoire, cette situation s'apparente à celle de l'année 2005 où la plupart des médias faisaient ouvertement campagne pour le oui au TCE avec le résultat que l'on connaît.
Cette distorsion entre l'expression médiatique dominante et ce qui s'exprime dans l'opinion est patente.
Un sondage réalisé par « Yougov » le 1er juillet le montre.
A la question « Êtes-vous prêt à signer une pétition pour réclamer un référendum sur la privatisation d'ADP », 75% des personnes interrogées répondent oui, 10 % non et 15% ne savent pas.
A noter que quelque soit le courant politique annoncé par les sondés, le oui est majoritaire de 90% pour LFI à 63% pour LREM.
A l'évidence, il ne faudra compter ni sur la communication gouvernementale, ni sur les grands médias pour informer l'électorat sur les enjeux de la procédure référendaire, encore moins sur la pertinence d'y apporter son soutien.
Ce sont donc les nombreux partis, mouvements, syndicats et associations qui se sont exprimés en soutien au référendum qui vont, une fois passée la période estivale, entrer en campagne.
On peut d'ailleurs relever à ce propos la création de collectifs à Cholet et Angers (1).

Jean-Louis Gregoire

(1) contact : signezpourlerip.49@laposte.net



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