Trente-deux ans après
la loi de 1905, à un jour de différence, 171 ans après la création de la ligue
de l’enseignement en 1866, la fédération des œuvres laïques de Maine-et-Loire
s’institua en 1937, le 10 décembre.
80 ans et en bonne
santé, pas de rides,
80 ans et toujours
debout, pas d’escarres.
La fédération des
œuvres laïques est en forme, bien que sa forme ait évolué depuis sa création.
Nous pouvons aujourd’hui
y distinguer plusieurs dimensions : œuvre complémentaire de l’école,
éducation populaire, économie sociale, mouvement d’idées laïque.
Pour la santé
économique, ce qui relève plus ou moins de l’économie sociale est indispensable.
Sous la tutelle du
conseil d’administration, elle est dévolue aux services.
Eric Mathé, délégué
général, en est le responsable.
Il assume cette
mission avec main de maître ; maître qu’il aurait pu être s’il n’avait pas
définitivement attrapé le virus de l’éducation populaire lors de son objection
de conscience. Ce fut à la FOL de Rennes. Définitivement, car à la FOL de
Vendée, comme colon, puis mono, il y avait déjà pris goût.
Bon, n’insistons pas,
ce n’est quand même pas son anniversaire ! Aux mauvaises langues, je dirai
que ce n’est pas le mien, non plus !
Avec l’aide de ses
collaborateurs, Eric,
le pacifiste, est sur tous les fronts. Des livrets sont
confectionnés pour les associations, les écoles, les collectivités
territoriales.
Avec les écoles, les
prestations offertes sont fortement teintées de notre traditionnelle composante
d’œuvre complémentaire.
À l’instar de l’USEP, la
FOL ajoute à l’enseignement obligatoire, sans le remplacer.
Le prix littéraire de
la citoyenneté en est un bon exemple.
Avec les collectivités
territoriales, des contrats d’objectifs sont établis. Ainsi la FOL peut
travailler avec toutes les communes quelle que soit leur sensibilité.
Des T.A.P. (temps d’activités
périscolaires), Eric et son équipe, n’en firent pas une religion. Ce n’est pas
le genre de la maison, quel qu’en soit le prêtre. Le temps périscolaire fut
abordé dans sa globalité. Ici, l’approche relève plus de l’éducation populaire
que de la dimension d’œuvre complémentaire.
La nuance est
d’importance pour une organisation qui ne veut pas se substituer à
l’enseignement obligatoire.
L’économie sociale,
proprement dite, concerne les vacances. Eric en est un spécialiste. J’entends
de l’organisation des vacances pour les autres.
De tous ces champs
d’activité, son prédécesseur, en 1937 ne s’en souciait pas. La mission des
premières structurations départementales de la ligue devait être
essentiellement fédérative. Regrouper les amicales existantes et en créer
d’autres devaient être les projets de Messieurs Franco et Antier,
respectivement, président et secrétaire général.
Des débuts de la F.O.L,
nous ne pouvons que supposer, nos archives s’étant enfuient au fil de l’eau
lors d’une inondation. La Maine étant une rivière profonde, les recherches
auraient été vaines.
Nous serons donc plus
diserts sur l’après-guerre grâce à la collection des publications de La voix laïque et de L’Anjou laïque.
La voix laïque, nous apprend que la ligue de l’enseignement en congrès à
Angers en 1947, sous la présidence d’Albert Bayet, demandait la nationalisation
de l’enseignement.
Cette motion fut
reprise, quelques mois plus tard, par le conseil d’administration de la F.O.L.
Á signaler que ce
dernier était présidé par l’Inspecteur d’Académie en place dans le département,
monsieur Jousseaume.
Après la libération,
dans le prolongement du Conseil National de la Résistance, l’aspiration à des
monopoles publics était forte. L’instruction publique, affaire du seul État
laïque, n’était pas, loin s’en faut, une lubie de laïcards extrémistes.
Modérés nous sommes
devenus, lorsque nous osons demander que les fonds publics soient réservés
uniquement à l’enseignement public. Et même enfants de chœur et de Marie,
lorsque nous réclamons à Beaupréau que le libre choix de l’école soit effectif
Á cette époque, pour les
responsables d’organisations laïques, l’égalité d’enseignement devait prendre
le pas sur la liberté d’enseignement.
La voix laïque, organe de la seule fédération des œuvres laïques, renseigne
aussi sur les activités d’éducation populaire dispensées vers les associations
affiliées.
Elles sont nombreuses.
Depuis les années 30, elles sont structurées en unions fédérales d’œuvres
laïques. Pour le sport, c’est l’UFOLEP, pour les arts l’UFOLEA, pour le cinéma UFOLEIS.
Elles sont portées par des enseignants et enseignantes mis à disposition par
l’Education nationale.
Dans ce temps-là,
l’éducation populaire gravitait autour des deux écoles, la laïque et celle du curé,
dite libre. Á chaque commune, son amicale laïque et son patronage catholique.
Même à Beaupréau. Nos
amis de l’école publique y ont eu des ancêtres.
L’Anjou laïque succède à la Voix laïque
en 1952. Il consacre davantage ses colonnes aux combats laïques. Avec ce journal,
nous sommes exclusivement sur le volet mouvement d’idée laïque.
L’Anjou Laïque, animé
par Yvonne et Henri Dufour, qui en firent les fondateurs, est le journal du
cartel d’action laïque, de la fédération des œuvres laïques et du syndicat des
instituteurs et institutrices. Il tirait en plusieurs milliers d’exemplaires,
6 000 certaines années.
Le premier numéro fut
réalisé gratuitement par la jeune imprimerie Roger Paquereau.
Le cartel d’action
laïque regroupait, écoutez bien, le PS, le PC, le parti radical, la CGT, le
Sni, la FCPE et la F.O.L.
Sur la terre du comte
de Falloux, il fallait s’unir. Falloux est mort, lui aussi, (vous le saviez).
Mais dans le
Maine-et-Loire, ne reste pas que sa statue au Bourg d’Iré.
Même policés, son âme
rôde encore et son esprit s’éternise. Les motifs de s’unir sont toujours là.
C’est la raison du Collectif vigilance laïcité.
C’est toujours une des
raisons de l’Anjou laïque relancé en
1984. Excellent journal, dit-on, mais moins prisé, hélas, que celui d’Henri
Dufour.
Et Oui, le cartel
d’action laïque s’est disloqué. Et, le monde laïque a perdu de sa vigueur en
perdant de sa rigueur.
Revenons, à cette
époque d’une défense sans concession de l’école laïque. Après la fin des
présidences obligées des Inspecteurs d’académie, vers les années 50, c’est
Albert Charleux, secrétaire général de l’Inspection académique qui préside la
FOL. C’est sous son impulsion, en 1953, qu’est créée la SADEL. C’est sous sa
présidence que la FOL acquiert un bâtiment industriel 14 bis avenue Marie-Talet
en 1963.
Une souscription
largement fournie permit d’y construire le siège social.
Il fut nommé le Foyer Elie Beaupère, en mémoire du secrétaire
général qui œuvra sans compter pour le rayonnement de la F. O.L Au dernier
étage des chambres accueillaient des jeunes travailleurs.
Le bâtiment, amputé
aujourd’hui de plus de la moitié pour des raisons financières, était
suffisamment vaste pour accueillir les parents d’élèves, le SNI, la PEP, la
MRIFEN. C’était la maison des organisations laïques.
La composition du
conseil d’administration de la FOL était empreinte du cartel d’action laïque.
S’y côtoyaient des membres du parti communiste, du parti socialiste, du parti
radical, des syndicalistes de toutes tendances.
Roger Paquereau
socialiste, succéda à Albert Charleux. Il fut remplacé, lui-même, par son frère
Marcel, communiste. Raymond Ablin, socialiste, secrétaire général, assura la
continuité. Ils figuraient un programme commun de la laïcité. Belle
époque !
Ensemble, ils
combattirent les lois anti-laïques. Ils s’élevèrent contre les premiers crédits
accordés à l’école privée en1951. Initiative d’un député du Maine-et-Loire, Charles
Barangé.
Ils se révolteraient,
aujourd’hui, en apprenant que le ministère de l’E.N. vient de détourner 10
millions d’euros à l’enseignement secondaire, pour les attribuer, en cadeau de
Noël, à l’enseignement privé. (Décret du 7 décembre)
Ils dénoncèrent la loi
Debré. Ils se mobilisèrent pour une pétition de plusieurs millions de
signatures. Pétition qui aboutit au serment de Vincennes de 1960. Serment de
Vincennes qui jura de ne jamais accepter la loi Debrè de 1959.
Cette loi reste un
caillou dans la chaussure de l’école publique. Elle entrave sa marche, la
conduit sur des chemins de traverse bordés d’ornières. Une concurrence de
mauvais aloi en est une.
Ses effets négatifs sont
toujours d’actualité. Sans loi Debrè, le collège public de Beaupréau ne
souffrirait d’aucune contestation.
Les fermetures des
collèges Lurçat et Vilar situés près d’établissements privés rénovés, ne
pourraient être envisagés.
Afin d’être des dignes
héritiers, nous sommes pour l’application stricte de la loi de 1905.
Fidèles à cette loi,
nous sommes, nous, pour l’application intégrale de ses articles 1 et 2
indissociables.
Aux libertés d’une
société libérale peu soucieuses d’égalité, à une aliénation d’un
communautarisme larvé, nous préférons une liberté de citoyennes et citoyens
émancipés, quelle que soient leurs couleurs de peau.
Pour les débats et les
polémiques qui agitent la nébuleuse laïque, je vous conseille la lecture de
l’Anjou laïque. Son abonnement n’est pas compris dans le prix du repas.
Avant de terminer je
voudrais rendre hommage à ceux qui ont assumé la lourde tâche de délégué
général depuis Elie Beaupère, entre Raymond Ablin et Eric.
Á martial Vilcoq, trop
tôt disparu, à Pascal Scotto, à Michel Courtin et Jacky Minier qui fut
secrétaire général adjoint.
Longue vie à la FOL,
bonne santé à son économie sociale, bon développement à sa composante d’œuvre
complémentaire et que sa dimension de mouvements d’idées laïque ne meurt
pas.
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