Vendredi 10 novembre 2017,
rassemblement devant le Conseil départemental à 9h 30 contre une nouvelle
sectorisation scolaire dans les Mauges. Proposée par le Conseil départemental,
elle n’envisage plus la construction du collège public de Beaupréau
Argumentaire : pour un collège
public à Beaupréau
Le
président du Conseil départemental refuse obstinément de créer un collège public à
Beaupréau-en-Mauges, commune nouvelle de 23 000 habitants de Maine-et-Loire Il
est pourtant patent qu’une organisation rationnelle de l’enseignement public
entre les communes nouvelles des Mauges rurales implique un collège public à
Beaupréau en Mauges. Bien qu’il
s’en défende, la raison du refus du
Conseil départemental est idéologique. Il veut à Beaupréau-en-Mauges protéger
les effectifs des deux collèges privés qui y sont implantés.
Le
président du Conseil départemental, tenant du libre choix de l’école pour
favoriser l’implantation d’établissements privés, l’ignore lorsqu’il peut
profiter à l’enseignement public.
Le
seul moyen pour que le Conseil départemental n’abuse pas de ses compétences en
matière scolaire pour défavoriser
l’enseignement public est l’intervention de l’État. C’est possible. Il
suffirait d’appliquer les articles R 211 3 et L 211-3. Du code de l’Éducation.
Le premier article permet de mettre en demeure la collectivité territoriale
d'inscrire la dépense d’investissement relative à la construction. Le
deuxième, en cas de refus de la collectivité territoriale, spécifie que l’État peut
créer des établissements du premier et second degré « dont la propriété
est transférée de plein droit à la collectivité territoriale compétente », contre un
remboursement obligatoire évidemment.
Ces
deux articles du code l’Éducation découlent de l’article L 141 1 qui stipule que « l'organisation
de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est
un devoir de l'État ».
Une
longue histoire
Depuis
maintenant 45 ans des parents d’élèves, des collectifs laïques demandent qu’il soit mis fin au
monopole de l’enseignement privé secondaire dans le canton de Beaupréau,
maintenant commune nouvelle de Beaupréau-en-Mauges. Outre deux collèges privés,
l’enseignement catholique y possède un lycée d’enseignement général et un lycée
professionnel. Le précédent Conseil régional, à majorité socialiste, malgré des
protestations véhémentes des responsables de l’enseignement catholique et de
l’opposition du Recteur de l’époque sarkozyste, décide de créer un lycée public. Il
est ouvert en 2015. Deux ans plus tard, Il est rempli. Désormais pour assurer
sur place la continuité du service public de la maternelle à la terminale, il
ne manque que le collège.
Des
engagements non respectés
En
2007 (dix ans déjà), devant les réclamations des parents d’élèves et des
organisations laïques,
le Conseil général présidé
par Christophe Béchu s’engage à créer
un collège
public sous conditions. Le futur collège public, plus les deux collèges publics
des cantons voisins (Montfaucon et Montrevault) devaient atteindre un effectif
total de 750 élèves et au moins 250 élèves chacun. La majorité du Conseil général d’alors pensait-elle ces conditions
difficilement réalisables ? Possible. Dans ce cas, elle se trompait.
Aujourd’hui il y a 415 élèves à Montfaucon et 435 à Montrevault (sureffectif).
144 élèves de Beaupréau-en-Mauges vont à Montrevault. À
noter que d’autres élèves de la commune nouvelle, selon leurs lieux de
résidence, vont dans d’autres collèges publics. Une
projection sur l’effectif du collège de Beaupréau, ne tenant compte que des élèves
inscrits dans le public, atteste, chiffres à l’appui, qu’il atteindrait 416
élèves en 2022.
Il
faut un certain culot pour prétendre que la deuxième condition (250 élèves dans
chaque collège) ne serait pas atteinte à Beaupréau-en-Mauges. La projection ne
pouvait pas tenir compte des flux migratoires et des transferts probables du
collège privé vers le collège public. Sur le premier point, il est prouvé que
les nouveaux arrivants choisissent en priorité l’enseignement public. Sur le
deuxième point, il ne peut être
ignoré
que des parents optent pour les collèges les plus proches (privés en l’occurrence) pour des
raisons pratiques plus que par conviction. La projection de l’effectif de 2016
est donc minorée. De plus, le prolongement de la scolarité secondaire dans le
nouveau lycée public augmenterait l’attractivité du collège public.
Il
faut un certain aplomb pour affirmer qu’un collège public à Beaupréau-en-Mauges mettrait en péril
les collèges publics voisins. Une diminution de l’effectif total permettrait
certainement d’alléger le nombre d’élèves par classe et de disposer d’espaces
plus adaptés aux cours.
Il
faut une certaine audace, pour justifier l'augmentation d'accueil du collège de
Montrevault, d’affirmer que plus les effectifs sont importants, meilleures sont
les conditions pédagogiques.
Vœux
présentés au Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN)
Considérant que le canton de Beaupréau
avait droit, comme toute partie du territoire français, à un service public d’éducation de
la maternelle à la terminale, les parents et les organisations laïques ont régulièrement présenté au
Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) un vœu demandant
l’application des articles R 211-3 et L 2113 du code l’Éducation.
Intervention
non poursuivie du ministère de l’Éducation nationale
Après des démarches du
Comité national d’action laïque (CNAL) et une pétition locale qui recueillit
7 000 signatures, Madame la Ministre Vallaud-Belkacem, décida d’intervenir. Elle s’adressa au
président du Conseil départemental pour l’obtention du collège. Dans un de ses
courriers, elle laissa même planer la menace d’une judiciarisation (application
du code de l’éducation). Hélas, la Ministre, sur les conseils de son entourage,
a renoncé à poursuivre son intervention.
Le ministère aurait
reculé par crainte de perdre devant les instances juridiques compétentes en la matière. En effet, le code
de l’Éducation pour l’organisation du service public d’éducation sur l’ensemble
du territoire ne fait pas référence au monopole de l’enseignement privé pour
certains cycles (primaires, collèges, lycées).
Les organisations
laïques du département pensent qu’il fallait quand même user du code de
l’éducation pour imposer un collège public qui, sur place, assurerait la
continuité du service public d’Éducation de la maternelle à la terminale.
Une victoire aurait pu
faire jurisprudence. Et, si les articles du code de l’éducation s’étaient
avérés insuffisants pour obtenir gain de cause, il y aurait eu une raison
objective pour modifier au préalable ce code. Pour l'implantation
d’établissements publics, un article
ajouté ou modifié aurait pu faire référence, pour un cycle donné, au monopole
de l’enseignement privé sur un territoire. Les codes, nous le savons, ne sont
pas gravés dans le marbre. Ils peuvent être modifiés dans un sens ou dans un autre. D’ailleurs des
élus bretons ont obtenu, via la loi NOTRe, la modification du code de
l’Éducation en faveur de la loi Carle spécifique à l’enseignement privé pour y
intégrer dans son application l’enseignement des langues régionales. Les écoles
privées de la Bretagne s’en sont réjouies.
Une situation nouvelle
Le Conseil
départemental après une étude par un cabinet privé sur la future démographie
laisse entendre qu’un nouveau collège public dans l’ensemble des Mauges n’est
pas nécessaire. L’étude élude les flux migratoires et les transferts possibles
du privé vers le public si ce dernier possédait une offre plus grande et mieux
répartie. De plus, une étude prévisionnelle pour les lycées prévoit une
augmentation de leurs effectifs. Le
Conseil régional se saisit de cette étude commanditée pour renier ses
engagements à l’endroit du collège public de Beaupréau. Il préfère augmenter l’accueil du
collège de Montrevault-sur-Evre. Ce collège est en effet saturé. La raison
principale est l’afflux d’élèves venant de Beaupréau-en-Mauges.
L’implantation d’un collège public à Beaupréau-en-Mauges,
sur un terrain réservé par la commune, éviterait le sureffectif du collège de
Montrevault et les inconvénients pédagogiques qui en découleront (manque de
salles de cours et d’installations sportives). Le collège public de
Beaupréau-en-Mauges jouxtant le lycée pourrait bénéficier d’installations
communes à la cité
scolaire (centre de ressources, installations sportives. . .).
La liaison CM2-sixième serait facilitée pour les élèves des écoles publiques.
L’organisation
rationnelle de l'enseignement public dans les Mauges voudrait que le collège
public de Beaupréau-en-Mauges soit enfin construit. Par un moyen ou un autre, le
ministère de l'Éducation nationale doit le faire admettre au Conseil
départemental. Désormais, pour user des articles R 211-3 et L 211-3, il n’est même plus nécessaire de
faire référence au monopole des collèges privés, sinon en annexe pour montrer
la raison du refus
La nouvelle commune de
Beaupréau-en-Mauges ne peut pas être la
seule commune nouvelle des Mauges à ne pas posséder un collège public. Est-ce
une mesure de rétorsion à la création du lycée public qui a entamé l’hégémonie
de l'enseignement secondaire privé catholique dans cette cité ?
Jack
Proult
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