Une phrase de l’Anjou laïque n°117 a retenu mon
attention ; elle dit que la République assure la liberté de croire « dès lors que sa pratique est conduite au
sein de l’espace privé ». C’est
une idée répandue mais fausse dont il faut se séparer pour être sérieux. D’abord, « La République ne reconnait aucun culte », cela veut dire
qu’elle ne reconnait aucun culte particulier, contrairement à l’Ancien régime
qui ne reconnaissait que l’Eglise catholique, la religion unique du prince devant
aussi être celle du peuple. C’était aussi un peu ça sous le Concordat abrogé en
1905.
Mais la République reconnait
toutes les religions à travers les activités du Bureau central des cultes du
ministère de l’intérieur qui gère les lois et décrets ainsi que les aumôneries
du 2ème alinéa de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905. Le ministre
lui-même ou le Premier ministre reçoivent assez régulièrement
pour dialoguer et noter leurs doléances, les ministres des divers cultes majeurs exerçant en France, comme ils reçoivent d’autres associations nationales ou les syndicats. Ils participent parfois à des dîners ou des offices.
pour dialoguer et noter leurs doléances, les ministres des divers cultes majeurs exerçant en France, comme ils reçoivent d’autres associations nationales ou les syndicats. Ils participent parfois à des dîners ou des offices.
La loi stipule que l’Etat, les
départements et les communes assurent de leurs deniers publics l’entretien et
la conservation des édifices des cultes dont ils sont propriétaires :
articles 12, 13 et 19, mais qu’ils laissent néanmoins gratuitement à la
disposition des associations cultuelles affectataires en vertu de l’article 13
premier alinéa.
Or justement, le culte doit
s’exercer publiquement, dans les édifices consacrés : églises, temples,
synagogues, mosquées, pagogues, sans quoi c’est une secte. L’exercice public du culte est expressément exigé en ces termes par
les articles 13, 18 et 19 et il est placé « sous la surveillance des autorités dans l’intérêt de l’ordre
public » article 25, police des cultes. En outre, les processions sont
admises selon les mêmes règles que toute autre manifestation sur la voie
publique : chaque printemps des traditionalistes battent librement le pavé
d’Angers du quai Ligny à la place du Tertre pour célébrer le Grand sacre. On ne
peut interdire le voile islamique simple hors établissements scolaires, ni les
tenues monastiques, ni le burqini sur les plages, sauf menace manifeste à
l’ordre public local ou règlement intérieur dans les entreprises et les
administrations. Les ministres des cultes ont accès sans réserve à tous les
médias nationaux et ne s’en privent pas ! La Croix est un quotidien national en partie subventionné par
l’Etat. France 2 ouvre généreusement
son canal aux religions les dimanches matins de 9h à 11h30. Six jours de fêtes
chrétiennes sont décrétés fériés et chômés par les articles L 222-1 et L
222-1-1 du code du travail.
On n’oubliera pas les subventions
publiques aux établissements d’enseignement privé confessionnels de tout
niveau et le régime dérogatoire d’Alsace Moselle où les ministres des cultes catholique,
protestant et israélite sont rémunérés par l’Etat, survivance locale
anachronique du concordat de 1801, sous la première République bonapartiste.
Ainsi on peut être « sans
religion » selon la terminologie internationale tout en devant admettre calmement
ce qui précède, qui est la vérité dans la France laïque d’aujourd’hui, sauf à
militer dans la paix et la bonne foi pour que les extrémistes de tous bords
cessent leurs nuisances dangereuses.
Max Bayard
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