Le libéral
Le général
Lamoricière est né à Nantes en1806. Il était par sa mère le petit fils de
Joseph Robineau qui en janvier 1791
acheta pour 370 600 francs l’abbaye du Pontron au Louroux-Béconnais vendu comme bien national (26 fermes, deux
moulins, quatre étangs, des bois…) et qui en 1793 commanda la cavalerie bleue
nantaise. Il se faisait appeler Robineau de Bougon et s’était fixé en Anjou à
la suite de son mariage avec Louise de l’Esperonnière de Vritz . Il eut trois fils. L’aîné , polytechnicien,
mourut en 1797 au retour de
Philadelphie, le second, Michel, né à Bouguenais, polytechnicien également,
après avoir servi sous Bonaparte se retira au château de la Burelière à La Cornuaille.
Rallié à la Monarchie de Juillet, il fut député. Le troisième fils, Joseph
s’installa au Pontron et y vivra de 1804 à 1851. Maire du Louroux-Béconnais à
partir de 1813 il sera remplacé en 1846, mais en 1848 il reprendra la mairie
sur les instances de Grégoire Bordillon
tout nouveau préfet démocrate. Il avait été
comme son frère député sous
Louis-Philippe. Devenu propriétaire des deux domaines du Chillon et du Pontron
(32 fermes dont La Millanderie, lieu vénéré où se cacha Noël Pinot, le prêtre
guillotiné à Angers en 1794) il possède 1300 hectares d’un seul tenant soit la
moitié de la vaste commune du Louroux-Béconnais. Adversaire de l’obscurantisme,
il soutient les écoles mutuelles face aux curés et à la plupart des châtelains.
Il soutient en particulier Burgevin l’instituteur à La Cornuaille.
Les trois
frères Robineau ont une sœur, Désirée, jolie, intelligente, riche puisque
propriétaire à la mort de son père du Chillon, le château aujourd’hui devenu
maison de convalescence de la Sécurité Sociale. Elle épouse en 1805 Sylvestre
de la Moricière, futur père du général. Les familles Lamoricière et Robineau
sont amies quoique politiquement en opposition. Les Lamoricière avaient une
terre à Saint-Philbert-de-Grandlieu, pas très loin de Bougon, mais sont ruinés
depuis 1796 : leur domaine a été confisqué et vendu comme bien national,
puisque Christophe de la Moricière est
passé à l’armée de Condé, l’armée des émigrés, avec ses deux fils.
Sylvestre est l’un d’eux. Il a été à 16
ans parmi les chouans aux côtés de
Charette et Bourmont. C’est en 1803 seulement qu’il sera rayé de la liste des
émigrés.
Le soldat
Comme déjà
dit, son fils Léon nait à Nantes en
1806. Il passe sa jeunesse au Chillon avec comme précepteur
un prêtre réfractaire puis il prépare, à Nantes, Polytechnique où il
entre en 1824.
En 1830 ,
il part pour Alger : 130 000 hommes sous les ordres de Louis de
Bourmont, l’ancien chef chouan et châtelain de Freigné, mèneront là les combats qu’on imagine. Les détails
sont superflus. Dieu le veut
rappellera Mgr Freppel inaugurant en 1879 un monument à l’honneur de
Lamoricière. Celui-ci apprend autour d’Alger l’arabe parlé dont il remplit des
cahiers d’écolier afin de ne pas dépendre des interprètes. Ces cahiers furent
montrés en 1987 lors d’une exposition à la Catho.
A cette
époque, comme beaucoup de Polytechniciens, Lamoricière n’est pas légitimiste.
Le curé du Louroux-Béconnais sera nuancé dans ses
propos : « bien qu’alors il négligeait la pratique des devoirs
du chrétien, il portait au progrès du catholicisme le plus grand
intérêt ».
En 1834
Lamoricière est chef de bataillon. En
1840, il est général. La prise de
Constantine en 1837 l’a rendu célèbre : la copie d’un tableau d’Horace
Vernet célébrant ce fait d’armes est au centre médical du Chillon et aussi les
épées, la selle d’Abdel Kader…
En
1846,Lamoricière est député de Saint Calais dans la Sarthe. Après 1847, il
jouit d’une belle aisance : il vient d’épouser à Saint Thomas d’Aquin, au
cœur du faubourg Saint Germain, Marie d’Auberville qui possède un riche
patrimoine.
Le Pontron
est alors à demi rasé. La grille principale est aujourd’hui à l’entrée du
château de la Burelière, les stalles du chœur sont dans l’église de Blou et
l’autel en marbre d’Italie dans la Chapelle de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Le conservateur
En 1848,
Lamoricière est chargé d’écraser l’insurrection parisienne et devient ministre
de la guerre.
En 1851, il
contribue –sans doute avec Mr de Cumont ou Joseph de Mieule, successifs
propriétaire du château de la Prévôterie au Louroux-Béconnais, à la création
d’une « école dirigée par les sœurs ». L ’oncle de Lamoricière, Joseph Robineau,
toujours maire et anticlérical s’oppose au général qui se positionne
clairement à droite. Mgr Freppel verra
là le retour d’une brebis égarée autrefois, dans le voltairianisme sans doute…
Opposant à Louis-Napoléon Bonaparte,
Lamoricière est arrêté puis passe six ans en exil , en Belgique principalement.
En 1857, il revient au Chillon et fait agrandir l’église paroissiale en dépit
des obstacles que suscite le conseil municipal. En 1859 il envisage de servir
le pape en conflit avec les Piémontais, ces champions de l’unité italienne. Par
Trieste il rejoint Ancône où il retrouve de nombreux volontaires dont la moitié
porte un nom à particule. Ils sont venus notamment des Mauges pour s’opposer
aux Chemises Rouges de Garibaldi. Lamoricière est fait à Rome général en chef
des zouaves pontificaux où servent sous lui Pimodan, Quatrebarbes, Charette...
Ancône, cerné par les Piémontais, capitule.
En juillet
1865, Lamoricière communie dans l’église du Louroux-Béconnais. Il meurt en
septembre, en Picardie au château de
Prouzel, propriété de son épouse. Au dire de Mgr Freppel, légitimiste fervent,
un de ses ultimes propos aurait été : « Les principes de 1789 sont la
négation du péché originel ». Ce n’est pas impossible. Des funérailles
solennelles sont célébrées à Rome. En novembre un service en grand apparat
rassemble au Louroux-Béconnais 4 à 5000 personnes dont 9 prélats et 300 prêtres.
En 1879, à
Nantes, dans le transept nord de la cathédrale Saint-Pierre, un monument à
Lamoricière fut inauguré par Mgr Freppel qui présenta l’aventure d’Ancône comme
une croisade. En prolongement, au fronton de l’actuelle Université Catholique
de l’Ouest se reconnaissent les armes
des deux familles militantes de la Grandière et de Quatrebarbes et la
bibliothèque s’appelle Bibliothèque
Lamoricière. Sur la place d’armes de l’école du Génie à Angers, un monument
rappelle la prise de Constantine. A Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, près de
l’église, Lamoricière est statufié parmi ses zouaves. Dans l’église même, sur
un vitrail, Lamoricière présente au Saint-Père son sabre africain, en compagnie
d’un Cathelineau et d’un Charette, descendants des plus célèbres chefs chouans.
Quelle mémoire !
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