Immigration, naturalisation,
depuis une dizaine d’année et sans doute plus ces deux sujets agitent monde
politique et médias. Il faut profiter de sa nouvelle publication dans la collection
de poche Points pour lire ou relire
le livre de Doan BUI et Isabelle MONNIN
La consultation des dossiers de
naturalisation apprendront aux auteures « les rêves et les humiliations de ceux qui, humblement, espéraient
devenir français ». Les rebuffades, les décisions parfois arbitraires,
les ignominieux avis de dénaturalisation du régime de Vichy, leur montreront
que « les parcours des migrants sont
toujours des aventures ». Malgré les lois qui changent, la curiosité de l’Administration est toujours
la même : d’où vient le candidat à la naturalisation, où habite t’il et
quels sont ses revenus et ses opinions politiques ? Sera-t-il loyal envers notre pays ?
Autant de questions dont les réponses détermineront le sort de la demande, avis
favorable, ajournement ou refus.
De
nombreux noms connus
Emile Zola, né en France, de mère
française, devra à vingt deux ans demander la nationalité française car son
père Francesco était vénétien. Des parlementaires d’extrême droite n’hésiteront d’ailleurs pas à tenir des propos infâmes. Paul Déroulède hurlera « Hors de France. A Venise ». Lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon, Maurice Barrès, élu sur un programme intitulé Contre les étrangers, le qualifiera d’agent de l’anti-France juive et métèque, pensant en vénitien déraciné.
père Francesco était vénétien. Des parlementaires d’extrême droite n’hésiteront d’ailleurs pas à tenir des propos infâmes. Paul Déroulède hurlera « Hors de France. A Venise ». Lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon, Maurice Barrès, élu sur un programme intitulé Contre les étrangers, le qualifiera d’agent de l’anti-France juive et métèque, pensant en vénitien déraciné.
Giovanni Livi militant du PC
italien fuit en 1924 les persécutions des chemises noires fascistes et se
réfugie à Marseille. Quatre ans plus tard il bénéficie des dispositions
libérales de la loi de 1927 qui appelait de ses vœux l’arrivée des immigrés.
Les motivations pragmatiques de cette loi transparaissent dans le dossier de
naturalisation de Giovanni. Il a une fille et surtout deux fils mineurs nés en
Italie (l’un d’eux deviendra Yves Montand) qui pourront faire leur service militaire
et devenir des soldats pour la France.
On pourrait ajouter Georges
Vartan et Luigi Cavanna respectivement pères de Sylvie et François.
Des
noms moins attendus
Samuel Kouchner d’origine russe,
grand père de notre ex-ministre des affaires étrangères, obtiendra la
nationalité française en 1925. Joseph Minc polonais fuyant l’antisémitisme
s’installera en France avec son épouse en 1931. Il échappera aux rafles
anti-juives pendant la guerre. Son engagement actif dans la résistance lui
vaudra d’obtenir sa naturalisation en février 1948. Des années plus tard, en
2002, l’administration toujours
tatillonne demandera à son fils Alain, né en France, major de l’ENA,
fonctionnaire, de faire la preuve de sa qualité de français en fournissant lors
du renouvellement de sa carte d’identité le décret de naturalisation de ses
parents. On pourrait aussi citer,
pêle-mêle, Charles Lustiger père du futur cardinal, Stanislas Goscinny et
Silvio Uderzo pères des créateurs d’Astérix, Abraham Drucker père du
présentateur de télévision ou encore Mnacha Tenenbaum père de Jean Ferrat.
Des
absents
N’en déplaise au Front National
des dossiers de naturalisation Zidane ou Debbouze n’existent pas. Ils sont nés
en France de parents originaires des ex-possessions françaises donc français.
Pas non plus de dossiers Thuram ou Henry car les Antilles sont françaises
depuis Louis XIV, bien avant la Corse ou la Savoie.
Plus intéressant l’absence de
Marie Curie doublement prix Nobel pour la France. Le droit de la nationalité
terriblement mysogine considérait que les femmes prenaient celle de leur mari.
Napoléon n’affirmait’il pas « La femme est la propriété du mari, elle
appartient à celui-ci comme l’arbre à fruits appartient au jardinier ».
La lecture de ce livre devrait
convaincre, si besoin était, que contrairement aux affirmations des xénophobes
de tout poil l’immigration est une chance pour notre pays. Elle lui aura fourni
un premier ministre - Pierre Bérégovoy, un Président de l’Assemblée Nationale –
Raymond Forni, un ministre de l’Intérieur – Manuel Valls, des cinéastes – Roger
Vadim et Henri Verneuil, des chanteurs - Serge Reggiani et Serge Gainsbourg
ainsi que Michel Jonasz, des peintres – Nicolas de Staël et Marc Chagall qui
verra son décret de naturalisation annulé par Vichy car juif, un sélectionneur
de l’équipe de France de football –Raymond Domenech et un grand couturier –
Pierre Cardin. La liste n’est bien entendu ni limitative ni exhaustive.
Souhaitons qu’elle continue à s’enrichir, à enrichir notre pays de multiples
talents.
Yves Mulet-Marquis
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