mercredi 3 juillet 2024

Êtes-vous Démocrate ou Républicain ? par Régis Debray

Sublime article paru en 1995 dans le Nouvel Observateur. C’est l’approfondissement d’un premier texte de novembre 1989. Il est à lire et à relire. Il montre combien nous nous sommes éloignés de nous-mêmes pour nous américaniser.

 
La question ne sera-t-elle donc jamais posée ? Celle qui commande à tous les débats du jour l’identité d’une république, par quoi notre pays fait, en Europe et dans le monde, exception. Hier, un Code de la Nationalité. Aujourd’hui, un foulard. Demain, n’importe quoi : polémiques écrans, batailles sans raison. On ne guérira pas ces mauvaises fièvres sans en déceler la cause première.

Nous payons tous à présent, par une indéniable confusion mentale, la confusion intellectuelle entre l’idée de république issue de la Révolution française, et l’idée de démocratie, telle que la modèle l’histoire anglo-saxonne. On les croit synonymes, et chacun de prendre un terme pour un autre. Pourquoi les distinguer ? La société libérale et consumériste n’est qu’une figure parmi d’autres de la démocratie, mais si dominante et communicative qu’on la croit obligatoire, y compris dans les pays où la démocratie a pris d’autres visages.

Refuser par exemple à une jeune musulmane l’entrée d’une salle de classe tant qu’elle ne laisserait pas son voile au vestiaire ? « Bonne action », clamera le républicain. Non, « mauvaise action ! » s’indignera le démocrate. « Laïcité », dira l’un. « Intolérance », dira l’autre. (Vous et moi avons répété la scène ces derniers temps.) Querelle de mots ? Non : quiproquo des principes.

On peut se dire républicain sans se conduire en démocrate : certains voient même là notre

vendredi 12 avril 2024

Interview de Michel Seelig

Michel Seelig a été interviewé en décembre 2023 par le journal Respublica 1 suite à un article paru dans le figaro, faisant suite lui-même à un dépôt de proposition de loi de F.I. visant à abroger l'heure de catéchisme inclus dans l'horaire obligatoire scolaire en Alsace-Moselle.
Michel Seelig travaille depuis des années sur les régimes dérogatoires d’Alsace et de Moselle. Sur ce sujet il a écrit plusieurs ouvrages. Il fut chef d'entreprise, universitaire, élu municipal, responsable associatif, président du Conseil de l'I.U.T. de Metz.
NDLR : Respublica est le journal de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale .

Philippe Duffau : M. Seelig, vous avez tenu à relever un certain nombre d’erreurs et omissions à propos d’un article paru dans Le Figaro suite au dépôt d’une proposition de loi par le groupe parlementaire LFI.
Michel Seelig : L’article affirme que « l’enseignement religieux [est] dispensé depuis 1872 dans les écoles publiques ». Or, c’est ignorer (volontairement ?) qu’il s’agit en fait d’une application de la loi Falloux, loi française de 1850 que les Allemands avaient en grande partie maintenue.

PhD : Qu’en est-il de la fréquentation des cours d’enseignement religieux de la morale ?
MS : L’article fait état de la participation de 40 % des élèves, sans préciser qu’il s’agit-là des chiffres de l’enseignement primaire et qu’au collège et au lycée la participation est encore beaucoup plus faible. Surtout, il n’indique pas que

jeudi 11 avril 2024

Loi immigration, quelles conséquences sur les formations civiques de l’OFII ?

La FOL 49 propose aux migrants des journées formation dans le cadre de l’OFII, assurées par Baptiste Lagrue et Alexandre  Anger.
Baptiste a pris le temps avec les lignes qui suivent de présenter aux lecteurs de l’Anjou Laïque les conséquences possibles d’un durcissement des conditions d’accueil des migrants.


Depuis maintenant deux ans, la Fédération des Œuvres Laïques du Maine et Loire accompagne les adultes primos-arrivants dans leur intégration en France par le biais des formations civiques et citoyennes de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII). C’est dans le cadre du contrat d’intégration républicaine (CIR) que tout étranger non européen admis au séjour sur le territoire français conclu un contrat avec l’Etat Français dans lequel il s’engage dans un parcours d’intégration.  La formation se veut pédagogique et interactive et a pour objectif d’instruire les règles de vie ainsi que les valeurs de la république française en abordant des thématiques telles que: l’emploi, la parentalité, le logement et l’histoire de France.
Cependant depuis maintenant quelques mois, le cadre régissant l’accueil et l’intégration des primo-arrivants en France est mis à mal. En cause le vote de

mercredi 10 avril 2024

Daniel ROUGER, texte d'Alain Pantais

Sa jeunesse
Daniel Rouger est né à Seiches, le 25 janvier 1905 (l’année de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat), où ses parents dirigent l’école publique. C’est dans ce milieu qu’il passe sa jeunesse et il y trouve certainement des raisons qui lui font choisir la belle carrière de l’enseignement. Son frère Pierre, et sa sœur cadette Lucette, suivront cette même orientation.
Après des études primaires auprès de sa mère (il perd son père en 1910), et des études primaires supérieures à Bressuire, il entre à l’école normale d’Angers, où il fait partie de la promotion 1921-1924.
En même temps qu’il poursuit son instruction générale, il commence également son instruction militaire, et suit, comme beaucoup de ses camarades, les cours préparatoires au grade d’officier de réserve.

L'instituteur
Sorti de l’École Normale, Il va incarner ceux que l’on appelle sous la IIIe République « les hussards noirs ». Ces instituteurs sortis du peuple, pénétrés de la dignité de leur mission, dans un esprit de total dévouement, de sacrifices librement consentis, avec un seul but : former des hommes libres, les futurs citoyens de la République. Il exerce quelques mois à