Aujourd’hui, c’est le cent cinquantième anniversaire de la Commune de Paris que l’on ne célèbrera pas, ni ne commémorera, car ce n’est pas le lieu ici, sauf à se souvenir que pour la seconde fois en France et en termes clairs et nets, elle a proclamé la séparation de l’Etat de l’Eglise catholique concordataire par un décret du 3 avril 1871 dont voici les termes :
Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ;
Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ;
Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ;
Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté,
ART. 1er. L’Eglise est séparée de l’Etat.
ART.2. Le budget des cultes est supprimé.
ART. 3. Les biens dits de mainmorte, appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriété nationale.
ART.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la Nation.
IMPRIMERIE NATIONALE. - Avril 1871.
Cela ne dura pas puisque peu après la semaine sanglante du mois de mai, l’Eglise obtint dès 1873 l’autorisation d’édifier la basilique du Sacré-Cœur de Jésus pour adoration perpétuelle sur la butte Montmartre symbolique de la Commune de Paris ; et renoua avec le Concordat qui subsiste en Alsace-Moselle nonobstant la troisième loi de séparation du 9 décembre 1905 légèrement en retrait puisqu’elle n’évoque plus la question des biens de mainmorte.
La Commune a été la première, dix ans avant Jules Ferry, à instituer l’enseignement primaire public obligatoire, laïque et gratuit ; ainsi que des
bourses d’Etat pour l’enseignement secondaire. Elle a aussi ouvert des écoles professionnelles aux filles et interdit le travail des enfants.
Tout ça, et autres choses encore, en seulement 72 jours exceptionnels de vigueur, de courage et de créativité populaire achevés par un vaste massacre odieux que l’histoire de Paris ne peut oublier au pied du Mur des Fédérés dans le cimetière du Père-Lachaise à Belleville.
On sait que le peuple révolutionnaire, hommes et femmes, se réunissait pour débattre des affaires publiques dans les églises désaffectées des quartiers du nord-est de Paris; et que l’archevêque de Paris Georges Darboy et quelques prêtres contre-révolutionnaires ont été exécutés sommairement dans des circonstances compliquées par des communards farouches, sans jugement régulier et sans l’ordre formel des autorités légitimes de la Commune.
Max Bayard
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