G. Bernheim n'est pas le seul à soutenir cette position : tous les dignitaires religieux sont à peu de chose près sur la même ligne, même s'ils ne la développent pas avec le soin qu'il y apporte. Ils consentent au mariage civil (que au fond ils détestent, à juste titre) tant que ça ne fait pas trop de vagues. Car ce qu'ils savent très bien, c'est que la législation française, en disjoignant mariage civil et mariage religieux depuis 1792, a en réalité fait du mariage civil non seulement un concurrent victorieux du mariage religieux (et cela les prêtres ne l'ont pas encore digéré) mais en a fait aussi, au fur et à mesure de son développement juridique, un contraire du mariage religieux. Mais tant que cela ne se voit pas trop et que les gens restent dans des limites « décentes », tant qu'on peut leur faire croire que le mariage civil est une sorte de
sécularisation du mariage religieux, cela est acceptable.
je dirai que la question de l'extension du mariage aux personnes de même sexe opère aujourd'hui comme un révélateur du concept de mariage civil, lequel se montre alors dans son irréligiosité.
La question du mariage homo agit comme révélateur parce qu'elle est un élément discriminant : c'est par elle que la contrariété entre mariage civil et mariage religieux apparaît aujourd'hui au grand jour. Elle est apparue jadis et naguère avec d'autres propriétés qui ont fini par se fondre dans le paysage et par ne plus trop préoccuper les clercs, qui ont fini par se plier. Mais il faut se souvenir des déplacements qu'ont été, par exemple, l'abolition de la clause d'obéissance pour la femme mariée et de son incapacité civile, l'abolition du motif de «faute» pour le divorce, le droit égal pour chacun des conjoints d'administrer ses biens (droit de percevoir son salaire, d'ouvrir un compte en banque par ex.), le passage de l'autorité paternelle à l'autorité parentale, le droit pour la femme de recourir seule à la contraception et à l'ivg. Il faut se souvenir des résistances que ces avancées ont à chaque fois suscitées. C'est aujourd'hui la question de l'union entre personnes de même sexe qui, en poursuivant le déploiement du concept de mariage civil, devient la pierre de touche permettant de mesurer la profonde opposition entre mariage civil et mariage religieux : c'est elle qui soulève en conséquence la résistance des prêtres.
je dirai que la question de l'extension du mariage aux personnes de même sexe opère aujourd'hui comme un révélateur du concept de mariage civil, lequel se montre alors dans son irréligiosité.
La question du mariage homo agit comme révélateur parce qu'elle est un élément discriminant : c'est par elle que la contrariété entre mariage civil et mariage religieux apparaît aujourd'hui au grand jour. Elle est apparue jadis et naguère avec d'autres propriétés qui ont fini par se fondre dans le paysage et par ne plus trop préoccuper les clercs, qui ont fini par se plier. Mais il faut se souvenir des déplacements qu'ont été, par exemple, l'abolition de la clause d'obéissance pour la femme mariée et de son incapacité civile, l'abolition du motif de «faute» pour le divorce, le droit égal pour chacun des conjoints d'administrer ses biens (droit de percevoir son salaire, d'ouvrir un compte en banque par ex.), le passage de l'autorité paternelle à l'autorité parentale, le droit pour la femme de recourir seule à la contraception et à l'ivg. Il faut se souvenir des résistances que ces avancées ont à chaque fois suscitées. C'est aujourd'hui la question de l'union entre personnes de même sexe qui, en poursuivant le déploiement du concept de mariage civil, devient la pierre de touche permettant de mesurer la profonde opposition entre mariage civil et mariage religieux : c'est elle qui soulève en conséquence la résistance des prêtres.
Catherine Kintlzer
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire