François
Hollande prévoit la constitutionnalisation de la loi de 1905. Faudrait-il s'en
réjouir ?
Voici ce qu'il vient
d'écrire aux représentants des religions reconnues en Alsace Moselle
"Bien loin de porter atteinte aux règles qui
régissent, de façon particulière, les relations entre l’Etat et les cultes
concordataires en Alsace-Moselle, elles seront au contraire confortées dans
leur spécificité, en se voyant reconnues au niveau constitutionnel"
Ci-dessous
un article paru dans le Journal Le Monde.
Pourquoi
nous sommes Alsaciens, laïques et contre le Concordat
LEMONDE.FR
| 17.02.12 | 09h23
Dans
un article publié dans Le Monde du 10 février 2012 ("Pourquoi nous sommes Alsaciens, laïcs et
pour le Concordat"),
Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg, se revendique "concordataire"
et affirme appartenir, tout comme les principaux leaders politiques alsaciens –
du PS à l'UMP, en passant par le Modem et Europe Ecologie – "à la très
grande majorité des Alsaciens et Mosellans, d'obédiences religieuses diverses,
laïques ou même athées, qui soutiennent le régime concordataire".
Aucune enquête sérieuse ne confirme à ce jour de telles affirmations. Bien au
contraire, comme partout ailleurs sur le territoire français, les pratiques
religieuses
se sont étiolées et la fréquentation des cours de religion dans les établissements scolaires (spécificité d'Alsace-Moselle) ont considérablement diminué.
se sont étiolées et la fréquentation des cours de religion dans les établissements scolaires (spécificité d'Alsace-Moselle) ont considérablement diminué.
Comme
de nombreux Alsaciens, nous pensons qu'il faut en finir avec le Concordat
d'Alsace-Moselle, régime napoléonien dépassé, à l'opposé d'une conception
républicaine et laïque de la France. Contrairement à une vision compassionnelle
et erronée de la "société alsacienne", le Concordat n'assure
pas le "vivre-ensemble" mais crée les conditions d'une
séparation communautaire organisée entre les religions elles-mêmes (en excluant
tout autre culte que les quatre cultes reconnus) et par ailleurs entre les
croyants et les agnostiques ou les athées.
Loi
de concorde, la loi de 1905 garantit au contraire, en séparant les Eglises et
l'Etat, la liberté de conscience et par conséquent celle de culte. Cette loi de
liberté qui doit s'appliquer partout sur le territoire français rappelle que la
République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte en application des deux
principes fondamentaux que sont l'égalité entre les citoyens et l'universalité
de la dépense publique.
Le
régime concordataire est en contradiction flagrante avec ces deux principes.
D'une part, seuls quatre cultes (catholique, protestants réformé et luthérien,
israélite) sont reconnus. D'autre part, le Concordat a un coût très élevé pour
le budget de l'Etat : plus de 50 millions d'euros ont été dépensés en 2011 pour
rémunérer les 1 400 ministres des cultes alors même que, depuis 2007, le gouvernement
a supprimé 65 000 postes dans l'Education nationale. Pour le seul Bas-Rhin,
plus de 400 postes d'enseignants seront supprimés à la rentrée 2012. L'argent
public doit financer les services publics qui sont notre bien commun (école,
hôpital, crèches, services sociaux, etc.) et non les cultes qui relèvent des
pratiques privées. Il est paradoxal que ceux qui défendent le Concordat
suppriment dans le même temps des postes dans la fonction publique d'éducation
ou de la santé au nom d'une supposée gestion rationnelle des fonds publics
(sous l'effet de la révision générale des politiques publiques).
Outre
le régime concordataire, le statut scolaire local (lois Falloux de 1850) est
toujours en vigueur dans les établissements scolaires, instaurant l'enseignement
religieux obligatoire à l'Ecole et la prise en charge par l'Etat des salaires
des "enseignants de religion", prélevés sur les deniers
publics de la totalité des citoyens français.
Les
tenants du régime concordataire brouillent le débat et cultivent l'amalgame
entre le Concordat et le droit social local pour créer des inquiétudes
infondées auprès des Alsaciens et Mosellans. Hérité de la période allemande, ce
droit local en matière de sécurité sociale est favorable aux salariés
d'Alsace-Moselle qui en assument d'ailleurs la charge financière
supplémentaire.
Nous
considérons que c'est là un modèle dont nous pourrions nous inspirer pour
l'étendre aux autres départements suivant le principe d'alignement des droits
sociaux par le haut.
Nous,
Alsaciens venant d'horizons sociaux, culturels, religieux et philosophiques
très divers, attachés à notre patrimoine culturel hérité des Lumières et de la
Révolution de 1789, affirmons que la laïcité est le socle de tout projet
d'émancipation citoyenne. Celle-ci n'est pas la guerre aux religions, bien au
contraire elle met fin aux conflits religieux et aux surenchères
communautaires. En toute rationalité, on ne peut se réclamer de la loi de 1905
et soutenir simultanément l'exception concordataire.
Autres signataires :
Jean-Claude Val, professeur de sciences économiques et sociales en
CPGE, Strasbourg ;
Alfred Wahl, professeur émérite d'histoire, Université de Metz ;
Jean-Pierre Djukic, chercheur en chimie, administrateur de
l'Université de Strasbourg ;
Yan Bugeaud, professeur des universités, mathématiques, Université de Strasbourg ;
Roland Pfefferkorn, professeur des universités, sociologie, Université
de Strasbourg ;
Pierre Hartmann, professeur des universités, littérature, directeur
de l'Ecole doctorale des humanités, Université de Strasbourg.
William
Gasparini, professeur des universités, Josiane Nervi-Gasparini, maître de
conférences en mathématiques, Université de Strasbourg…
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