lundi 21 novembre 2011

La Marche d'Ella ou les espoirs révolutionnaires de l'Afrique noire


Un journaliste qui  suit le cheminement d'une journaliste. Un journaliste qui effectue de nombreux séjours en  Afrique pour dispenser un  enseignement professionnel et qui parle de l'Afrique.
Vous l'avez compris Louis Le Méter maîtrise son sujet.

Même si « La Marche d'Ella » est classée dans la catégorie roman, la réalité vraie transparaît à travers la fiction.. Sans doute l'auteur ne localise-t-il pas la marche de son héroïne, mais son pays n'est pas imaginaire. C'est le Cameroun, le Togo, le Niger, le Sénégal, en fait c'est toute l'Afrique Noire. Louis Le Méter la décrit sans concession: corruption  à tous les étages, manipulations en tous genres, magouilles, violences, tortures, meurtres, censure de la presse, racket, abus de pouvoir des potentats et des petits chefs, luttes d'influence, une synthèse des pires situations, un véritable inventaire à la Prévert que l'on voudrait croire caricatural.
 Il y a les méchants. Il y a les bons. Classement peut-être un peu manichéen. Les bons rêvent moins du grand soir que des lendemains qui chantent. Ils ont l'ambition d'une Afrique devenue majeure; « La colonisation il est temps  de ne plus la prendre comme prétexte pour ne  pas avancer. Cela nous a certainement fait mal, mais on ne peut plus rester à danser nos vieilles nostalgies sur la place du village » fait-il dire à l'un de ses personnages féminins.
Ella est du côté des bons. Jeune journaliste dans un quotidien de la capitale, elle part pour réaliser un  reportage dans les mines de pierres précieuses. Ce sont les portes de l'enfer qu'elles franchit . Elle  découvre un univers à la Zola. Attirés par  un illusoire eldorado des paysans s'échinent à  défoncer le sol pour trouver quelques diamants. Rançonnés par les petits tyrans locaux, ils vivent dans la misère.
 L'auteur se veut optimiste.  La marche d' Ella est une manifestation de confiance en l'avenir. Prémonitoire, le texte de Louis Le Méter, écrit avant les révolutions arabes,  met en scène une révolution de l'Afrique noire. Ses personnages (les bons) parlent de liberté, de démocratie, de justice sociale, d'utilisation  des ressources du pays pour le bien de tous :  Jim, l'instituteur idéaliste, André, l'officier qui refuse de se plier aux ukases de son  supérieur, Jérôme, l'ingénieur dont les ouvriers ne sont pas des esclaves et qui vient de découvrir un gisement d'uranium qui fait l'objet de toutes les convoitises des profiteurs du système, et le vieux général échappé des prisons du dictateur.  Utopistes, naïfs, résolus, persuadés  que leur pays peut sortir de l'ornière, ils la font la révolution.

Pour Louis Le Méter la fiction qu'il a imaginée ne fait que devancer l' Histoire qui se réalisera un jour. Au rose de l'espoir de jours meilleurs s'ajoute le rose d'une  romance d'amour. Elle est jolie et amoureuse Ella, l'enfant qu'elle attend concrétise également la grande espérance.

Le style est celui du journaliste. L'alternance des exposés de situations et l'expression à la première personne de l'héroïne scande le récit. Les dialogues donnent à l'ensemble de la vie. Sentiments de révolte et émotion se dégagent de l'ouvrage.

Jean Goblet

La marche d'Ella.21 €
Louis Le Méter
Les Editions Persée. 

En vente à la librairie Contact.
                                                                                        
Louis Le Méter, ancien grand reporter à Ouest-France et collaborateur de l'Anjou laïque, anime de nombreux stages de formation en Afrique de l'Ouest et à Madagascar, avec l’ONG Ouest-Fraternité.

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