Cécile
Chène syndicat de l’enseignement professionnel FSU
Malgré l'annonce gouvernementale de la
priorité donnée à la jeunesse et le fait que 700
000 jeunes soient scolarisé-es dans cette voie (¼ en CAP et ¾ en
Bac Pro) soit 1/3 de la jeunesse lycéenne,
les
élèves et personnels de l'enseignement professionnel public n'ont
pas bénéficié depuis le début de ce quinquennat de mesures
ambitieuses pour permettre d'améliorer leurs conditions d'études et
de travail.
Pour
exemple, la formation des PLP n'a fait l'objet d'aucune réflexion
ministérielle, le bac pro 3 ans toujours décrié par la profession
n'a pas suscité de bilans objectifs et approfondis, les classes
surchargées dans certaines filières n'ont pas été allégées. Les
lycées professionnels sont toujours exclus de la pondération
accordée aux LGT, aucune réflexion n’a été menée pour intégrer
ces lycées dans les nouveaux dispositifs de l’Éducation
prioritaire.
Prétendant
lutter contre le chômage des jeunes, le gouvernement poursuit un cap
qui
a pourtant prouvé son inefficacité : il tente toujours de
développer l'apprentissage notamment dans les lycées professionnels
préférant ainsi répondre aux injonctions du patronat plutôt que
d’investir massivement dans l’enseignement professionnel
public.. Ce choix injustifié favorise la mixage des publics, dans la
classe, en niant les besoins spécifiques des différents
apprenant-es et en détériorant les conditions de travail des
enseignant-es.
La
casse des diplômes professionnels est très alarmante elle aussi.
Plusieurs dispositifs sont à l'œuvre pour y parvenir :
l'introduction de blocs de compétences qui risque de créer des
niveaux infra V non reconnus par les conventions collectives des
branches professionnelles et qui vont contre l’élévation du
niveau de qualification des jeunes, des fusions et des rénovations
de baccalauréats qui vident les diplômes de leurs contenus
d'enseignement et qui entravent directement l'insertion
professionnelle et la poursuite des jeunes dans l’enseignement
supérieur.
Les
régions quant à elles asphyxient les établissements par une taxe
professionnelle en baisse de 30 % depuis 2 ans. Cette baisse
financière impacte directement le fonctionnement des LP : les
enseignant-es de disciplines professionnelles n'ont pas les matériaux
nécessaires pour l'ensemble de leurs classes. Et la loi Travail va
encore accentuer ce grave problème car elle autorise dorénavant aux
établissements scolaires du second degré hors contrat de bénéficier
d'une partie de cette taxe !
Le SNUEP-FSU
est par conséquent très insatisfait de ce bilan et demande toujours
de mesures ambitieuses dotées de moyens supplémentaires pour les
élèves et les personnels de l'enseignement professionnel public
sous statut scolaire.
La voie
professionnelle publique est un enjeu primordial car elle forme les
ouvrièr-es et salarié-es qui constitueront le salariat d'exécution
de demain (57 % des emplois). Elle ne doit donc pas être
laissée aux seuls mains du patronat.
L'objectif
d'atteindre 80 % d'une classe d'âge au bac a été atteint
grâce aux bachelier-es pro.
- Taux de réussite 82 %
En
augmentation constante de 1987 jusqu'en 2012. Cependant, l’une des
conséquences directes du bac pro 3 ans est la perte de 10 points
(77 %) en 2013. Depuis on constate une amélioration constante
mais le taux reste inférieur à celui atteint en 2010.
Bref
rappel concernant le Bac Pro 3 ans qui s'est mis en place contre
l'avis de quasiment tous les acteurs :
2001 :
demande de l'IUMM d'une main d'œuvre plus rapidement disponible mais
pas de demande de généraliser à toutes les filières.
2005 :
rapport
négatif de l'inspection générale.
2007 :
annonce
du ministre Darcos de le généraliser malgré un avis négatif du
sénat. Principal objectif : les enseignant-es de LP seront la
principale cible des coupes budgétaires. Conséquence :
suppression de 5000 équivalents temps plein de PLP. Jamais
les élèves, leur réussite, leur insertion professionnelle
n'ont
été au centre des débats pour imposer cette réforme.
Ce
taux de réussite n'atteindra pas le taux du baccalauréat général
et technologique sans
des politiques publiques volontaristes
de la part de l'ensemble des acteurs car :
-
élèves majoritairement issu-es de familles modestes qui concentrent
des difficultés sociales, économiques et scolaires importantes et
qui vivent dans des quartiers ou dans des zones rurales où les
politiques culturelles sont déficientes et/ou pauvres.
-
Elèves fragiles : le choix de leur octroyer 1 an de plus pour
obtenir un bac était parfaitement légitime.
- Élèves orientés et affectés encore par défaut (28 % en seconde et 42 % en CAP) : nécessité de revoir les pratiques d'orientation dans leur ensemble.
Pour
le SNUEP-FSU, il faut :
- Améliorer et d'augmenter l'offre de formation sur l'ensemble du territoire.
- Améliorer la qualité de la formation des élèves : ça passe obligatoirement par un regard précis sur leur condition d'études (très corrélé évidemment avec les conditions de travail des PLP)
- Redonner du temps d'enseignement notamment en diminuant le temps en entreprise.
- Dédoubler l'ensemble des classes de seconde (rappel des classes de 35 en tertiaire) et interdire les pratiques de regroupement des classes de CAP en matière générale.
L'élévation
du niveau de qualification est un enjeu primordial. L'Etat s'est
d'ailleurs assigné un objectif ambitieux : 60 % d'une
classe d'âge doit être diplômé de l'enseignement supérieur. Cet
objectif ne pourra être atteint qu'en portant un regard précis sur
les bachelier-es professionnel-les.
Quelques
chiffres
- 80 % des bachelièr-es professionnel-les demandent une poursuite d'étude en 2016 (160 000).
- 35 % ont obtenu une place dans un établissement du supérieur en 2015.
- Spontanément les bachelier-es professionnel-les demandent une section STS : 27,1 % l'ont obtenu en 2015 soit 35 000 élèves. Il y a donc nécessité d'augmenter les capacités d'accueil en BTS : le ministère propose d'ouvrir 2000 places par an sur 5 ans dans ces filières ce qui aboutira à 10 000 places supplémentaires en 2020 : on est toujours loin du compte !
- Taux de réussite en BTS des bachelièr-es professionnel-les : 59 % quand il est de 85 % pour les bacs généraux .
Pour
le SNUEP-FSU : il est indispensable de regarder de plus près
les contenus d'enseignements en amont et les rendre plus ambitieux en
se donnant les moyens de conserver le niveau de réussite.
Cela
passe aussi par plus de moyens humains pour dédoubler les classes
surchargées et un enseignement de philosophie en terminale.
On
ne peut pas parler de parcours réussi et d'excellence si on laisse
sur
le côté les chiffres
alarmants des décrocheur-es, ce ne serait pas honnête !
- 110 000 jeunes décrochent tous les ans.
- 50 % de ces jeunes sont en LP.
- 10 % des élèves de seconde et première décrochent et 20 % en première CAP (contre près de 30 % en apprentissage : 36 % de contrats rompus pour les moins de 18 ans, 16 % dans le sup).
- 50 % sont au chômage 3 ans après leur sortie du système de formation.
230
000 euros : le cout d'une vie professionnelle d'un-e décrocheur-e.
Le
gouvernement s'est engagé à divisé par deux ces chiffres. Or, sur
les 4000 postes fléchés dans la loi d'orientation pour la "grande
difficulté
scolaire",
rien n'a été dédié dans les lycées professionnels.
La
prévention du décrochage coute moins cher et, dans ce cadre, le
lycée pro a toute sa place
dans
le processus.
Si
le droit de retour en formation dans les lycées professionnels est
prévu dans la loi, aucun moyen supplémentaire n’est prévu pour
l’accueil et l’accompagnement de ces jeunes. La qualification des
jeunes décrocheurs doit devenir une priorité et doit être mise en
œuvre par le service public de la formation professionnelle initiale
avec des moyens spécifiques dédiés.
500
NOUVELLES FORMATIONS : un effort budgétaire qui s’est fait
attendre
L'annonce
de l'ouverture de 500 nouvelles formations pour la rentrée 2017 est
un point positif qui arrive cependant bien tardivement dans ce
quinquennat. Le SNUEP-FSU veillera à ce que les 1000 postes
budgétisés pour la rentrée 2017 soient affectés à des formations
sous statut scolaire, du CAP au BTS en lycée professionnel public.
L’ouverture
de ces 500 formations se traduira certainement par un accroissement
d’effectifs. Les prévisions de la DEPP1
pour
la rentrée 2017 annoncent une augmentation d'environ 5 000
élèves en 2nde
professionnelle et estiment à plus de 900 la baisse en 1ère
année de CAP.
La
moyenne par classe, toutes filières confondues, est de 20 élèves
en LP. Le ministère s'est engagé à étudier ce chiffre de plus
près car il n'est pas rare que, dans les filières tertiaires, les
effectifs se rapprochent des 30 élèves par classe et qu'en CAP des
classes de filières différentes soient regroupées pour récupérer
des moyens d'enseignement.
Pour
le SNUEP-FSU, ces effectifs importants sont inacceptables. Les élèves
de lycée professionnel cumulent souvent des difficultés sociales et
scolaires qui nécessitent de l'attention pédagogique pour éviter
les décrochages et des moyens pour permettre à tous les jeunes de
réussir leur parcours. Le ministère doit donc consacrer des efforts
budgétaires pour ces élèves.
Le
SNUEP-FSU restera vigilant quant à la réalité des ouvertures de
ses 500 formations et dénoncera toute dégradation des conditions
d'études des élèves et de travail des personnels.
Quelques
données
- L'apprentissage prépare aux mêmes diplômes que la voie professionnelle dans des proportions moindre. Niveau CAP et Bac Pro : 700 000 élèves en LP contre 300 000 par apprentissage.
- CAP : 50 % dans les 2 systèmes
- Bac Pro essentiellement en LP
- L'apprentissage se développe surtout au niveau du supérieur car les entreprises exigent des apprenti-es déjà qualifié-es, donc baisse régulière en CAP et bac pro. (cf. précisions ci-dessous).
- Différences essentielles : le statut et le temps d'enseignement.
Les
apprenti-es sont des salarié-es donc soumis au code du travail.
Ils/elles ont (environ) 1/3 de leur temps en centre d'apprentissage
et 2/3 en entreprise.
- Coût
Investissement
public : 18 700 euros par an pour les apprentis, 12 210
euros pour les scolaires. La dépense en faveur de l’apprentissage
s’élève à 8 milliards d'euros contre 4 milliards pour les LP.
- Taxe d'apprentissage : -30% depuis la réforme de 2014 pour les LP qui dysfonctionnent massivement depuis ce coup dur. Et cela s'aggravera avec la possibilité pour les établissements hors contrat du second degré qui pourront en bénéficier en conséquence de la loi Travail.
- Taux d’accès au diplôme très inférieur à celui des scolaires (RAP 2014 et 2015)
7
jeunes sur 10 entrants en formation de CAP ou Bac Pro par la voie
scolaire obtiennent leur diplôme. Celles et ceux empruntant la voie
de l’apprentissage ne sont qu’un-e sur deux en bac pro et 6 sur
10 en CAP.
- Réussite à l'examen inférieure à celle des scolaires (note DEPP, février 2016).
La
différence en faveur de ces derniers est nette pour le CAP et
surtout pour le BTS (respectivement +2,1 et +6,9 points en 2014) et
si l'écart est souvent en faveur de l'apprentissage pour le bac pro,
il est minime (+0,7 point en moyenne).
Le
LP est plus efficace et coute moins cher aux contribuables
Parlons
de l'investissement des entreprises
L'apprentissage
est essentiellement concentré sur les entreprises de moins de 50
salarié-es voire de 10 salarié-es.
salarié-es voire de 10 salarié-es.
Les
entreprises de plus de 250 ont des quotas à respecter : elles
doivent embaucher 5 % d'apprenti-es.
Constat
: soit elles recrutent des apprenti-es déjà qualifié-es, soit
elles préfèrent payer la CSA (amendes).
DES
ATOUTS EN TROMPE-L'OEIL
L'alternance
proposée par l'apprentissage n'est pas un gage de formation de
qualité. L'entreprise
meilleure formatrice que l'Education nationale, parce que plus
concrète, est un leurre. Les enquêtes démontrent que la qualité
de la formation est très peu vérifiée, dans les CFA comme
dans les entreprises. Faute de temps (chez les artisans, dans les PME
fortement concurrencées) et faute de tuteurs/trices formé-es,
l'apprenti-e est trop souvent considéré-e comme de la main d'oeuvre
à bas coût et non comme un-e jeune à former. De leur côté, les
scolaires bénéficient souvent d'un matériel de qualité dans les
LP, ont des enseignant-es formé-es à la pédagogie, connaissent
aussi l'entreprise : celles et ceux de bac pro par exemple font 22
semaines de stages (les PFMP) en 3 ans. Ils ont même l'avantage de
pouvoir changer de site, donc d'environnement de travail, ce qui peut
être plus formateur à long terme pour s'adapter et évoluer.
Le
taux d'insertion dépend d'abord du diplôme,
comme l'a rappelé en mai 2016 la DEPP
7
mois après l'obtention du diplôme par apprentissage en 2014 :
54,8 % des titulaires d'un CAP ont un emploi contre 77,4 %
des titulaires d'un BTS.
Pour
celles et ceux qui n'ont pas obtenu leur diplôme, les taux sont
respectivement de 31,7 % pour les CAP et de 64,4 % pour les
BTS.
Le
Cereq confirme cette tendance (Bref n° 346) : 3 ans après
l'obtention du diplôme, le taux atteint 74 % pour les
ancien-nes apprenti-es en CAP-BEP-Mention complémentaire mais de
90 % pour les ancien-nes apprenti-es en BTS.
Le
Cereq rappelle aussi que
« les formations par apprentissage ne permettent pas pour
autant d'échapper aux effets d'une conjoncture dégradée »
(baisse de 12,6 points du taux d'insertion à 7 mois entre 2008 et
2015 d'après la DEPP) et que l'apprentissage « tend
à se développer dans les niveaux de formation les moins exposés au
risque de chômage, ainsi que dans des filières offrant déjà des
débouchés plutôt favorables ».
A l'inverse, les LP offrent des formations dans tous les secteurs,
notamment dans le tertiaire peu ouvert à l'apprentissage, et
dépendent nettement moins de la conjoncture économique immédiate.
Les
entreprises préfèrent proposer des contrats d'apprentissage pour
des diplômes du supérieur et se désengage des CAP et BP
(DARES Analyses, 2015-057).
Entre
2009 et 2014, la part des entrées en apprentissage pour préparer un
CAP ou un BEP est passée de 48 à 41 %, tandis que les entrées
pour préparer un diplôme de niveau Bac + 2 ou plus sont passées
de 24 à 34 %. Et 46 % des nouveaux apprenti-es ont au
moins le bac.
Les
grandes entreprises en particulier privilégient les publics déjà
certifiés, disqualifient les CAP et leurs titulaires (Prisca
Kergoat, revue Diversité
n° 180, 2015). L'accumulation des aides financières publiques aux
entreprises est donc inefficace : l'apprentissage est de moins en
moins une voie de formation pour les jeunes qui sortent du collège,
pour les moins diplômés, pour les plus éloignés des « réseaux »,
pour les secteurs en tension, et ce parce que les « politiques
éducatives participent à un détournement »
de ce dispositif de formation (P.Kergoat, id.).
Les
apprenti-es « du haut » ne sont pas les apprenti-es « du
bas »
(Cereq, Net.Doc
n° 75, 2010).
Si
les CFA, et désormais les régions, multiplient les campagnes
vantant les « parcours gagnants » du CAP au master ou à
un diplôme d'ingénieur, la réalité est tout autre. La loi Seguin
de 1987 a ouvert l'apprentissage à tous les niveaux, mais les
chances de poursuites d'études sont infimes. Seuls 12 % des
apprenti-es du supérieur sont issu-es de l'apprentissage. Son
développement dans le supérieur renforce inégalités et
discriminations et relève d'une stratégie qui devient « l'apanage
des classes intermédiaires, contribuant à détourner sa vocation
première, celle de permettre à des jeunes d'acquérir un titre de
l'enseignement supérieur qu'ils n'auraient sans doute jamais pu
acquérir autrement. »
DES
FAILLES CACHÉES
Réussite
à l'examen inférieure à celle des scolaires
(note DEPP, février 2016).
La
différence en faveur de ces derniers est nette pour le CAP et
surtout pour le BTS (respectivement +2,1 et +6,9 points en 2014) et
si l'écart est souvent en faveur de l'apprentissage pour
le bac pro,
il est minime (+0,7 point en moyenne).
Taux
d’accès au diplôme très inférieur à celui des scolaires (RAP
2014 et 2015)
7
jeunes sur 10 entrants en formation de CAP ou Bac Pro par la voie
scolaire obtiennent leur diplôme. Celles et ceux empruntant la voie
de l’apprentissage ne sont qu’un-e sur deux en Bac pro et 6 sur
10 en CAP.
Sélection
et discrimination à l'entrée en apprentissage
Toute
analyse objective des taux de réussite à l'examen et d'insertion
professionnelle doit aussi tenir
compte des modes et du niveau de sélection avant la signature d'un
contrat, en particulier pour les sortant-es de 3ème
qui, laissé-es de côté, risquent de rejoindre l'armée des
décrocheuses et des décrocheurs.
Pour
Gilles Moreau, « les
franges les plus paupérisées de la population, dont les deux
parents sont au chômage ou pas qualifiées par exemple, accèdent
difficilement à l'apprentissage »
(revue Diversité
n° 180, 2015). Par ailleurs, les travaux de Prisca Kergoat ont
montré l'importance de la ségrégation sexuée : depuis 20 ans, les
filles ne représentent qu'un tiers des apprentis. La même
discrimination est flagrante aux dépens des jeunes issus de
l'immigration. En 2006 déjà, G. Moreau mettait en garde : « si
on tire trop l’apprentissage vers le haut, si la question des
jeunes d’origine immigrée ne progresse pas dans l’apprentissage,
si la question des filles ne progresse pas dans l'apprentissage,
qu’est-ce qu’on fait ? On transfère sur le L.P., le lycée
professionnel, les populations les plus en difficultés, notamment du
point de vue de l'insertion sur le marché du travail ».
(Actes du colloque "Points de vue sur l'apprentissage",
nov.2007).
Des
taux de ruptures de contrats et d'abandon élevés
En
moyenne, 28 % des contrats sont rompus d'après la Dares (se
soldant à 76 % par un abandon de l'apprentissage), mais les
taux sont nettement plus élevés chez les plus jeunes (36 %
pour les moins de 18 ans) et dans les formations préparant aux
métiers de faible qualification (près de 50 % dans
l'hôtellerie-restauration). À nouveau se pose la question des
adolescent-es les plus fragiles qui, rejeté-es, se sentent encore
plus dévalorisé-es et connaissent une entrée précoce dans la
précarité.
Un
signe d'impuissance : le mixage des publics et des parcours.
Mettre
ensemble apprenti-es et scolaires, à travers les CFA publics et les
lycées des métiers, est de plus en plus souhaité pour prétendre
sécuriser les parcours, autrement dit pour compenser la précarité
du statut. Mais cela veut dire transformer la voie scolaire en roue
de secours du système de formation le plus injuste et inégalitaire
qui soit. Cela va à l'encontre d'une revalorisation de la voie
professionnelle.
À
la recherche d'une pédagogie de l'alternance.
Cette
volonté de mixages des publics et de parcours confirme le fait que
la qualité de la formation est loin d'être prioritaire.
Le rapport des Inspections générales de juin 2015 sur la
sécurisation des parcours confirme d'ailleurs que « la
mise en oeuvre de la pédagogie de l'alternance reste peu aboutie »,
parce qu'elle « repose
sur des relations étroites entre CFA et entreprises »,
ce qui n'est envisageable qu'à petite échelle, avec peu
d'intervenant-es. Mais un système auquel on demande de s'adapter à
des départs en entreprise incessants, à des élèves qui ne suivent
pas tous les mêmes cours, est voué à l'échec. Un échec voulu
: il permettra de renforcer des formations basées sur des approches
par compétences voire micro-compétences isolées au détriment
d'une formation qui dispense des savoirs généraux et professionnels
de qualité.
Le
coût d'un apprenti
Une
des plus grandes incohérences dans l'obsession actuelle du
« besoin » de développer l'apprentissage est le coût,
croissant, que cela entraîne. « L'effort
de la nation en faveur de l'apprentissage a augmenté de 56 % de
2004 à 2010 »
(B. Martinot, Institut Montaigne, mai 2015), pour une progression du
nombre d'apprenti-es de seulement 16 %. En 2012, 18 700
euros ont été dépensés en moyenne par apprenti-e, contre 11 960
euros en moyenne pour un élève de la voie professionnelle (MEN,
L'État de l'École, octobre 2013).
Pour
toutes ces raisons, le SNUEP-FSU dénonce la persistance et le
renforcement des mesures en faveur de l'apprentissage qui, non
seulement, nuisent à l'enseignement professionnel public mais
favorisent inégalités, discriminations et mise à l'écart des plus
fragiles, scolairement et sociologiquement.
La
baisse de la taxe d'apprentissage dans les lycées professionnels, le
mixage des publics et des parcours, les campus des métiers et des
qualifications ne peuvent que réduire l'efficacité de
l'enseignement professionnel sous statut scolaire alors qu'elle
devrait être privilégiée si l'on voulait vraiment réduire le taux
de jeunes sans formation, augmenter le niveau de qualification et
préparer aux métiers de demain au lieu de se focaliser sur un
adéquationisme illusoire et court-termiste.
Le
SNUEP-FSU a rappelé son extrême vigilance sur le fait que
l'introduction de blocs de compétences ne doit en rien dénaturer
les diplômes et en aucun cas alourdir la charge de travail des
personnels. Il a rappelé l'importance des diplômes de l’éducation
nationale qui n'ont ni la même finalité ni la même philosophie que
les titres professionnels ou les CQP (certificats de qualification
professionnelle) et, en ce sens, ils nécessitent une formation
globale, générale et professionnelle axées sur les savoirs
généraux et professionnels.
vitrier aulnay sous bois a eu le plaisir de visiter ce blog.
RépondreSupprimer