vendredi 7 juillet 2017

Guerres des religions

Torquato Tasso, dit Le Tasse, est un poète italien célèbre de la cour de Ferrare qui finit fou en 1595.
Il est l’auteur de La Jérusalem délivrée  (1575), vaste poème épique traduit en prose et que je viens d’acquérir en édition dorée sur tranches du XIXe siècle, soit 388 pages.
Le sujet est la Première croisade (1096-1099) menée par le Franc Godefroi de Bouillon et son frère Baudoin suite à l’appel de Clermont de 1095 du pape Urbain II qui promettait la remise des péchés aux chevaliers qui partiraient avec leurs troupes à leurs frais et leur risque et péril.
Croisade décidée parce que les Turcs Seldjoukides nouvellement venus après avoir renversé les Arabes Abbassides, avaient soudain refusé le libre accès des pèlerins occidentaux au tombeau du Christ et à la vraie croix, et massacré une partie de la population, l’autre étant réduite à l’esclavage.
La ville libérée, un royaume chrétien de Jérusalem est créé dont
le duc d’Anjou René (1409-1480) sera le dernier dépositaire sans y avoir jamais mis les pieds.
Première page du livre : résumé du Chant premier comme cela se faisait à l’époque : L’ange Gabriel, messager de Dieu, se rend à Tortose. Godefroi de Bouillon est nommé général de l’armée. Saladin (sic) fortifie Jérusalem. Je chante les pieux combats et le guerrier qui délivra le tombeau de Jésus-Christ.
Dernière page : Il continue de poursuivre les Infidèles (les musulmans) qui cherchent, mais en vain, un refuge dans leurs retranchements. Ils n’y sont point à l’abri de la mort ; les Chrétiens y pénètrent et le carnage avec eux ; le sang ruisselle d’une tente à l’autre. Partout règne le pillage, et de toutes parts on voit les pompeux ornements de ces Barbares nager dans une mer de sang. Ultime dernière phrase du Chant XX, le dernier : Les mains encore rougies du sang des Infidèles, il (Godefroi) entre dans le temple avec ses guerriers, il y suspend ses armes, et, prosterné aux pieds du divin Sépulcre, il acquitte son vœu en adressant des actions de grâce à l’Eternel.
Je vous laisse imaginer l’entre-deux, fait de pieux combats, de rapines, de vols, de rivalités suivies de trahisons et de meurtres, des intempéries causes de maladies endémiques, d’interventions d’anges (chrétiens) et de démons (musulmans), et des amours contrariées !
Trois mars 2017 : la presse révèle cette annonce de Daech en lien avec les Ouïghours musulmans du Xinjiang : « Chinois ! Nous viendrons à vous pour verser des rivières de sang ». Et j’apprends que l’organisation dit que « nous sommes toujours à l’ère des croisades » - contre les Infidèles - et reprend les appellations anciennes des pays d’Orient : Najd, Hijaz, pays de Cham, et autres (Libé du 9 mars).
Á ce sujet, la question se pose de savoir si l’on doit largement publier l’intégralité des messages et des vidéos de cette organisation criminelle et barbare. D’un premier point de vue, c’est mieux connaître l’ennemi et ses intentions; mais à rebours, c’est favoriser sa propagande et diffuser de l’horreur - en particulier des décapitations au couteau les mains rougies du sang d’innocents - aux yeux des esprits fragiles, enfants ou même adultes. L’intégralité des messages et des vidéos doit donc être réservée aux autorités publiques responsables de la sécurité nationale, à charge pour elles d’informer suffisamment la population dans des conditions dignes et respectueuses des sensibilités, sans susciter de panique.

Max Bayard

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