Plus jamais ca?

Aujourd'hui, l'Anjou est une terre d'accueil où l'on croise beaucoup de gens venus des cinq continents, principalement d'Afrique et d'Asie et qui ne créent, à lire la presse locale, aucun problème à personne. Au contraire, ils donnent un nouvel air à la ville pour le XXIème siècle..

Donc, pas de signe de racisme manifeste, sauf que récemment une petite fille mal éduquée secoua "une banane pour la guenon" à l'intention de Mme Christiane Taubira dans les conditions que chacun sait au pied du Palais de Justice d'Angers lors d'une manifestation nettement réactionnaire; un geste insupportable qui
restera hélas impuni en l'absence de plainte.

Un forte indignation s'est répandue en France et le peuple angevin a réagi par une belle manif au soir du 11 novembre 2013.

Nous étions 3.000 à nous réunir sous la pluie à l'appel de la Ligue des Droits de l'Homme et un trentaine d'autres organisations, dont des partis politiques républicains. Nous avons levé les bras pour signifier le barrage au racisme, nous avons chanté notre solidarité avec les mal traités venus de loin chercher refuge et nous avons défilé dans la nuit derrière la belle banderole qui proclamait fièrement "Un seul monde, une seule humanité".

Il faisait froid mais nous avions le cœur chaud d'être ensemble pour une juste cause quand d'autres se replient dans le rejet de l'étranger avec la complicité d'une certaine presse nationale xénophobe et vulgaire: Minute du 13/11 bien sûr, Le Point du 21/11 avec son Dossier spécial sur l'immigration et cette affirmation de Pierre-André Taguieff selon laquelle "le discours antiraciste est devenu une langue de bois" (p 165) et surtout Valeurs actuelles avec sa Une (du 21/11) qui dénonce "Les nouveaux barbares, ces étrangers qui pillent la France", incitant à la discorde sinon à la guerre!

Ce que contredit judicieusement l'hebdomadaire ELLE ( du 22/11) qui a élu Christiane Taubira "Femme de l'année 2013" pour les motifs suivants exposés dans l'éditorial de Marion Ruggieri: "Une femme politique courageuse, dont le parcours, les engagements, les combats et la détermination forcent le respect. Un femme debout; et à travers elle, faire entendre notre voix".

Une voix antiraciste plaisante à entendre.

Dommage qu'au même moment soient rendues publiques les paroles d'un rappeur qui "réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo", ces théoristes racistes ringards (sic) à cause des caricatures de Mahomet il y a quelques mois. Une chanson qui accompagne paradoxalement un film long métrage de cette semaine (27/11) sur la Marche antiraciste et fraternelle pour l'Egalité d'enfants d'immigrés en 1983 de Marseille à Paris, "La Marche des beurs".

Ce qui prouve que la nécessaire "liberté d'expression" justifie notre vigilance quand elle appelle à la haine - d'où quelle vienne - entre les hommes; car elle n'est légitime que dans le cadre des lois de notre République démocratique et laïque où la racisme - quel qu'il soit - n'a pas sa place. Même l'humour ne justifie pas l'ignoble et le répréhensible surtout pas quand Charlie Hebdo du 27/11 traite de cons ceux qui n'arrivent pas à rire du "second degré" (outrageant).

En tout cas, on n'oubliera pas cette phrase terrible et douloureuse, de Mme Taubira, ministre de la Justice et garde des Sceaux en exercice, sortie de son désespoir malgré son courage et sa hauteur de vue: "Ces propos prétendent m'expulser de la famille humaine"

Et l'on peut penser qu'elle a tiré du réconfort des milliers de manifestants du samedi 30/11 dans les rues de Paris, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lille, Marseille et ailleurs derrière la banderole "Ensemble contre le racisme".

 

Max Bayard