mercredi 4 juillet 2018

À propos de la Corse

Ceux qui se proclament indépendantistes veulent-ils que la Corse s’enferme dans sa communauté culturelle ? Sont-ils communautaristes comme ces fidèles Islamistes, ou comme les Amish venus d’Alsace qui ont installé au XVIIIe siècle, au nord ouest de l’Amérique du Nord, des communautés protestantes closes ?

Identité
Il s’agit, nous disent les moins rigides, de préserver une identité culturelle et d’abord langagière. Encore faudrait-il que la culture ne résulte pas de multiples emprunts, non seulement langagiers, mais aussi culinaires, religieux et moraux, en provenance du monde méditerranéen et de son histoire. Et plus récemment d'Asie et d’Afrique. La culture de la vigne et celle de la clémentine seraient-elles d’origine Corse ? La Corse a été
occupée plus d’une fois. N’en est-il rien resté ?
L’identité culturelle résulte d’une synthèse en perpétuel remaniement. Nous sommes des héritiers. Mais il ne faut pas sacraliser cette transmission. Sinon nous nous enfermons dans le communautarisme. Le communautarisme est exclusiviste. Il embaume. Il fossilise. Au contraire de la culture qui vit, qui bouge : Il ne faut pas confondre médecine et histoire de la médecine (Albert Memmi).

Et le terme république ?
Certains vont opposer le terme république au terme communautarisme. Mais la république définit un type d’État politique. La république de Venise qui vécut jusqu’à la fin du XVIIIe siècle avait été construite par et pour l'aristocratie marchande, et non par son peuple. Et l’Iran des Mollahs est officiellement une république qui se qualifie d’islamique : serait-ce une république parce qu’il y a des élections ?
Au total, et au-delà des différences sociales, le terme identité culturelle fait référence à l’individualité de chacun, à ses données idéologiques, à son histoire personnelle, à ses relations à autrui, à ses relations aux institutions et à ses valeurs. Concluons, avec Montesquieu, qu’il faut faire prévaloir l’humanité sur la nation, la nation sur la région, la région sur le clan, le clan sur la famille. Il faut en effet distinguer, dans les positions politiques, celles qui ont une vocation universaliste aujourd’hui fondée sur la trilogie de 1 789 (liberté, égalité fraternité) et la laïcité définie en 1905, et les autres qui sont discriminatoires parce que fondées sur l’ethnicité ou la linguistique. Dire cela, c’est être laïque par rapport à des faits d’autorité.

Jean-Paul Brachet

N.B.1 Et le référendum prévu en 2019 sur le devenir de la Nouvelle-Calédonie ? Notons que devenue possession française en 1953, la Nouvelle-Calédonie est devenue territoire d’outre-mer en 1959, date à laquelle cessa la discrétisation officielle entre la majorité canaque de la population et la minorité (dans la région de Nouméa) descendant de la colonisation française et de son bagne. Il faut y ajouter une minorité d’Asiatiques introduit par les Européens pour travailler dans les plantations et les mines.
N.B.2 Et que dire de la situation, a priori inexplicable, de Mayotte devenue département français depuis Sarkozy et qui, lui, veut le rester. Une île ou plus de la moitié de la population est sans statut, étrangère, en provenance des Comores voisines, autrefois colonies françaises. Mayotte, une île qui refuse l’indépendance. Alors quelle solution démocratique apaisante pour Mayotte ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire