lundi 26 février 2018

Collège public de Beaupréau : Nouvelle lettre ouverte

Collèges publics : Vérité en Loire-Atlantique, erreur en Maine-et-Loire

Le vendredi 2 mars, Ouest-France, dans les pages Pays de la Loire/Maine-et-Loire consacre un article au futur collège public de Loireauxence (Varades). Les raisons de la création de ce nouveau collège public  y sont mentionnées : les élèves du public sont ventilés sur trois collèges voisins alors que ceux du privé bénéficient, sur place, d’un établissement. Le Conseil départemental de Loire-Atlantique a voulu que le libre  choix de l’école, sur place, soit effectif. Et, pour que ce nouveau collège de 450 élèves soit concurrentiel et viable, le Rectorat y implante une Unité Localisée d’Inclusion Scolaire (ULIS).
En Maine-et-Loire, a contrario, la protection de l'enseignement public semble le moindre souci des institutions. Le Conseil départemental pour assurer la viabilité comptable du collège public de Mauges-sur-Loire (St-Florent-le-Viel) y transférera des élèves d’autres collèges publics ; Ce faisant, il brise l’unité scolaire des communes nouvelles des Mauges et fragilise leurs collèges publics.  Quant à l’Éducation nationale (Rectorat et Inspection académique), elle refuse de créer une SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté) et des classes spécialisées au Collège de St-Florent-le-Vieil. En refusant de consolider ce collège en améliorant son attractivité, elle s’inscrit implicitement dans la « resectorisation » décidée par le Conseil départemental.
De ces deux exemples de départements voisins, il peut-être conclut que, contrairement à ce que stipule l’article 141-1 du code de l’Éducation, l'organisation de l’enseignement public est, de fait, davantage l’affaire des collectivités territoriales que celle de l’État. La démission de l’Éducation nationale à ses devoirs et son suivisme fait et fera, dans certaines contrées (dont le département de Maine-et-Loire), les beaux jours de l’enseignement privé confessionnel libre de ses implantations.



Angers le 26 février 2018

Le Collectif pour la promotion de l'école publique dans les Mauges.
4, rue de la Cité 49600 Beaupréau-en-Mauges

L'association des parents d'élèves des écoles publiques de Beaupréau.
52, rue de la forêt, le Fief-Sauvin 49600 Montrevault-sur-Evre

Le Collectif vigilance Laïcité de Maine et Loire : C. G. T. Educ'Action – Union  des DDEN - FCPE – FOL– Francas- FSU – JPA – LDH- OCCE – SGEN-CFDT- SNEP - SNES –  SNESUP- SNUipp –Solidarité Laïque - Sud-Education– UNSA Education-
14 bis avenue Marie Talet, Angers 49100


Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, à Monsieur le Recteur de l’Académie de Nantes, à Monsieur le Directeur académique des services de l’Éducation nationale de Maine-et-Loire, à Monsieur le Président du Conseil départemental

Copie à Monsieur le Président de Mauges Communauté, à Monsieur le Maire de Beaupréau-en-Mauges, à Monsieur le maire de Montrevault-sur Èvre, à Monsieur le maire de Mauges-sur-Loire, à Monsieur le maire de Sèvres-sur-moine.

Objet : les collèges publics de Mauges Communauté et leurs « re-sectorisation »

Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, Monsieur le Recteur de l'académie de Nantes, Monsieur le Directeur académique des services de l’Éducation nationale de Maine-et-Loire, Monsieur le Président du Conseil départemental,

Au dernier Conseil Départemental de l’Éducation Nationale (CDEN) de Maine-et-Loire du 19 février 2018, les vœux des organisations du Collectif vigilance laïcité de Maine-et-Loire portant d’une part sur l’implantation de modulaires à Beaupréau en-Mauges en lieu et place d’une implantation au collège de Montrevault-sur-Évre et, d’autre part, sur la création d’une Section d’Enseignement Général et Professionnel (SEGPA) ont été contestés par Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation nationale.
Sur le premier vœu les arguments avancés peuvent être entendus. Le lycée public de Beaupréau-en-Mauges saturé ne pourrait fournir les repas du midi. De plus, l’administration du collège de Montrevault-sur-Evre serait obligée de pourvoir sur place un poste de vie scolaire ce qui semble difficile compte tenu de l’insuffisance des moyens qui lui sont alloués.
En revanche, le refus de
la création d’une SEGPA au collège public de la commune nouvelle de Mauges-sur-Loire est irrecevable. Une telle section couvrirait le besoin avéré du secteur de Mauges Communauté (127 000 habitants) et sur quatre années apporterait cinquante-six élèves au collège. Elle est réclamée depuis plusieurs années. Sur ce registre de mesures pouvant compenser la perte d’élèves suite à la création d’un collège public à Varades, les organisations laïques regrettent que leur demande de classes spécialisée (en sport, en art, en langues, ou en patrimoine. . .) n’aient pas attiré l’attention de l’autorité académique. L’amélioration de l’attractivité est très souvent utilisée en faveur d’établissements en difficulté soumis à des concurrences diverses. Alors pourquoi pas au collège public de Mauges-sur-Loire ? Ce collège subit en effet la concurrence de l’enseignement privé et subira en plus celle d’un collège public voisin situé en Loire-Atlantique. Serait-ce pour protéger l’enseignement privé de la commune ? Les organisations laïques estiment que cette question n’est pas déplacée.
Alors que des mesures compensant une perte d'effectif prévue depuis plusieurs années auraient dû être prises, la situation future du collège public de Mauges-sur-Loire est sur-dramatisée. Un plan « ORSEC scolaire » est alors décidé. Le Conseil départemental commande une étude à un organisme privé. Il en ressort une « re-sectorisation » des collèges publics des Mauges rurales. Sa philosophie est comptable. L’unité scolaire des communes nouvelles est ignorée. Les cinq collèges publics existants doivent au mieux absorber les élèves les fréquentant quel que soit l’endroit de leur domicile. Une prospective globale pessimiste de la démographie sur une zone élargie à des territoires non concernés est mise en avant. Et, pour la première fois depuis 2007, la légitimité de la construction d’un collège public à Beaupréau-en-Mauges est remise en cause.
Devant le tollé que l’abandon de la promesse de 2007 aurait soulevé, le Conseil départemental a eu la sagesse politique de ne pas retenir cette hypothèse. Et, pour rassurer les parents d’élèves et la municipalité de Beaupréau-en-Mauges sur ses intentions, il a programmé la construction du collège ; Au plus-tôt pour 2023/2024. Les organisations laïques s’en félicitent, mais, en revanche, s’inquiètent du « au plus tôt ». Elles réprouvent aussi le choix d’un collège d’une capacité inférieure à 400 élèves (348 places).

Le possible allongement du délai de construction et la limitation de la capacité d’accueil (faits apaisants pour les deux collèges privés de la commune) découlent de l’application de l’économie et de la philosophie de la « re-sectorisation ». Le non-respect de l’unité scolaire recommandée par le ministère de l’Éducation nationale (rapprochement entre les écoles primaires et un collège de référence) impactera dans un premier temps la commune nouvelle de Montrevault-sur-Èvre et dans un second temps (lorsque le collège sera construit) la commune nouvelle de Beaupréau-en-Mauges.

Il est à relever que le coût des transports plus longs vers Saint-Florent-le-Vieil sera supporté par Mauges Communauté, donc, en partie, par les communes lésées par la « re-sectorisation »

Par ailleurs, et ce n’est pas anodin pour les organisations laïques, la « re-sectorisation » des collèges publics est une aubaine potentielle pour les collèges privés. Des parents des communes déléguées renvoyées vers des collèges extérieurs pourraient souhaiter que leurs enfants profitent pleinement des dynamiques associatives sportives et culturelles impulsées par leurs communes nouvelles. Et, en conséquence choisir l'enseignement privé de la commune de résidence pour une meilleure intégration dans les activités extra-scolaires offertes. Il est à noter que ces activités peuvent contribuer à fonder des projets éducatifs de territoire (PEDT) préconisés par le ministère de l’Éducation nationale à l’intention des jeunes scolarisés sur les communes.


Un collège public dans des communes dépassant 10 000 habitants est plus que nécessaire pour une politique scolaire cohérente, unificatrice et ouverte à tous. Les élus locaux des Mauges rurales le savent, même s’ils ne partagent pas toutes les analyses des organisations laïques.
Favorables au libre choix de l’école dans leurs communes nouvelles, ils veulent un collège public à la disposition de toutes leurs communes déléguées, de toute leur population.

En résumé, pour qu’une « re-sectorisation » ne brise pas définitivement l’unité scolaire de l'enseignement public dans les communes nouvelles il faut :
 - consolider le collège de Mauges-sur-Loire en y implantant dès cette année une SEGPA et améliorer au plus vite son attractivité,

- construire au plus vite un collège public à Beaupréau-en-Mauges.

L’Éducation nationale doit assumer ses responsabilités envers le collège public de Mauges-sur-Loire.
Le Conseil départemental qui, en l’occurrence, bénéficierait d’une participation financière généreuse et conséquente de la commune nouvelle de résidence et de Mauges Communauté, ne doit plus user de l’argument budgétaire pour différer la construction du collège public de Beaupréau-en-Mauges.

Les organisations laïques signataires, vous prient, Messieurs, d’agréer leurs sentiments respectueux et leur attachement au service public d’Éducation.


Le Président du  Collectif pour la promotion de l’école publique dans les Mauges

Madame la Présidente des parents d'élèves des écoles publiques de Beaupréau-en-Mauges

Le Coordonnateur du  Collectif vigilance laïcité de Maine-et-Loire

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