mardi 7 novembre 2017

TRIBUNE LIBRE - ARSINOE : une ex-commandante de gendarmerie caution d’un groupe ésotérique



ARISINOE est une association bien singulière à laquelle Anjou Laïque s’était déjà intéressée dans son numéro 115 (téléchargeable dans le bandeau supérieur du blog > anciens numéros). Implantée en Maine-et-Loire, ARSINOE est aussi un personnage de la mythologie égyptienne, dont l’acronyme signifie ici, un "Autre Regard Sur l'INceste pour Ouvrir sur l'Espoir". L’objet de cette association est de "prend(re) en compte la victime, le parent incestueux et la famille" pour, après jugement, rapprocher les jeunes victimes de leur bourreau (sic).
ARISINOE est née fin 2001, dans la foulée immédiate de la triste affaire des sœurs Liaigre que leurs parents proposaient à des prédateurs sexuels. Prédateurs liés selon les déclarations de l’aînée des trois sœurs au journal télévisé de TF1 à "la secte Martiniste", un mouvement se référant également aux mythes de l’Egypte ancienne [1].
ARSINOE s’est rapprochée, sous couvert d’altruisme et de résilience, des cercles de pouvoirs (justice, santé, politique, église catholique), aidée aussi en cela par la caution de quelques psychiatres de la scène médiatique nationale.
Pointée par l’Assemblée nationale
Dès 2006, ARSINOE s’était fait suffisamment remarquer pour
apparaître dans le Rapport de l’Assemblée Nationale traitant de l’Influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs. Clairement pointée dans ce rapport, sa présidente Mme Marie-France Haffner, psychothérapeute multicartes, utilise, entre autres, des approches controversées d’imagerie mentale comme le Rêve éveillé, ou le Rebirth. Le Rebirth, est une technique condamnée par le Parlement américain et dénoncée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui permet notamment d’introduire de faux souvenirs, ou d’en effacer de bien réels de l’esprit d’autrui.
L’ombre du réseau pédophile Dutroux
Parmi les personnes clefs d’ARSINOE, de nombreux déviants notamment dans le secteur de la santé et de la psychologie, sur lesquels nous ne reviendrons pas ici, si ce n’est pour nous interroger sur la présence comme intervenant, lors d’une réunion récente d’ARSINOE intitulée "Comment retrouver dignité et sens de la vie après un abus sexuel ? ", du psychiatre belge Michel Schittecatte.
En effet, à deux reprises ce psychiatre réalisera des expertises catastrophiques, très favorables aux intérêts du trop célèbre pédophile Marc Dutroux. Ses expertises douteuses lui vaudront d’avoir à s’en expliquer devant la justice belge. Depuis, installé à Paris, M. Schittecatte propose des thérapies "alternatives de type psycho-corporelles", ainsi qu’une pratique reposant sur une supposée existence d’une "énergie sexuelle". Il intervient également comme formateur au profit du mouvement sectaire Osho, connu pour ses problèmes de pédophilie et dénoncé par la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Une tentative d’infiltration à la faculté de médecine
On comprend mieux pourquoi en avril 2013, Ouest-France titrait "La faculté de médecine fait marche arrière"précisant "la conférence organisée par l’association ARSINOE, devait porter sur «Les symptômes de l’enfant victime d’agressions sexuelles ». Un thème délicat pour une intervention payante, qui s’adressait prioritairement aux professionnels de l’enfance. Avec pour lieu, la faculté de médecine d’Angers. Mais face aux questionnements et aux plaintes de plusieurs personnes sur la nature et les organisateurs de cette conférence, la doyenne, Isabelle Richard, a décidé de faire machine arrière."
Délocalisée in extremis, un tarif préférentiel était accordé aux étudiants à l’entrée de cette manifestation payante.
C’était de nouveau le cas lors de la nouvelle soirée intitulée "L’inceste fraternel, du silence au chemin de guérison" qui s’est déroulée le 17 octobre 2017 à la salle Claude Chabrol, réunissant environ 300 participants.
Une infiltration dans la gendarmerie ?
L’étonnement de la soirée du 17 octobre reste probablement la présence à la tribune de l’ex-gendarme, Mme Sylvia Mériot-Monti. Elle a occupé de 2013 à 2016 la fonction de Commandant de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile à Angers, la BPDJ. Unité spécialisée de la Gendarmerie nationale, la BPDJ a un rôle préventif envers la jeunesse afin de la protéger. L'action de cette unité se fait en partenariat avec les établissements scolaires, mais aussi avec les personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, les magistrats spécialisés, les éducateurs, les travailleurs sociaux, etc.
Comble du paradoxe, début 2017, après 30 années de service dans la Gendarmerie faisant valoir son droit à la retraite, Mme la Commandante Mériot-Monti se proclame psychothérapeute, ouvrant une société et un site internet où l’on peut-y lire : "Je vous propose un accompagnement personnalisé afin d’aller à l’essence des maux, à votre propre rencontre pour renouer avec votre être profond, laisser votre intelligence corporelle s’exprimer, apprendre de votre vie, pour mieux vivre vos relations" [2].
Pour accomplir ces prouesses elle s’est formée à différentes pseudo-médecines du corps et de l’esprit, comme la Fascia-bio-énergie, une technique de massage apparentée à la Fasciathérapie qui a déjà fait couler beaucoup d’encre à Angers.
Mais aussi à la Sophrologie, qui même si elle tend à se banaliser reste une technique avec emprise spirituelle et demeure interdite dans la pratique médicale [3].
Pour sa relation à la personne l’ex-commandante utilise l’Analyse Transactionnelle. Elle s’est formée à cette technique auprès du très onéreux Centre Interrégional de Formation à l’Analyse Transactionnelle de Paris (un cycle complet de formation pouvant atteindre 6 000€ sur trois ans). Cependant selon l’organisme formateur, l’Analyse Transactionnelle  "reconnaît à chaque personne une valeur positive inconditionnelle",  "affirme que chacun a une capacité de changement", "offre des outils de développement personnel et social", "celui qui le décide peut ainsi évoluer vers un mieux-être et tendre vers l'autonomie", etc.
Son apprentissage fait souvent appel à des exercices basés sur des jeux, certains conduisant à se mettre à nu devant le groupe, au sens figuré, mais aussi parfois au sens propre. Ces approches ont conduit à des drames, et dans son rapport 2006 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires tacle très sévèrement l’Analyse Transactionnelle, consacrant plus de vingt pages à cette pratique.
En conclusion, ARSINOE demeure toujours une bien curieuse association...
Arnolphe

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