mercredi 6 juin 2012

Christian Pihet, professeur de géographie sociale, analyse le vote F.N. dans le noyantais


A. L. : Dans le Nord Est du département (le noyantais), Marine Le Pen fait un score élevé. Est-ce l'éloignement des grandes villes (Angers, Tours, Le Mans sont à 60 kms), un changement de population (lotissements), le manque de services publics, le sentiment d'abandon, un mélange de ces explications ou autre chose qui explique ce fait ?.
A noter que dans ce territoire autrefois laïque, des villages ont placé Marine Le Pen en tête et voté au deuxième tour majoritairement pour François Hollande.
C. P. : En 1965, le Baugeois avait placé Mitterrand en tête du second tour. Depuis la société locale s’est profondément transformée, les petits et moyens agriculteurs électeurs du parti radical qui en formaient le soubassement ayant disparu au fil du temps. Le secteur s’est dévitalisé démographiquement (vieillissement) appauvri économiquement et demeure en marge du pôle de croissance angevin. Les lotissements ont proliféré dans un univers social sous-équipé et où les services publics – éducation, poste, gendarmerie, services sociaux – sont éloignés. Il est également difficile dans ce contexte de faire se développer une vie sociale et associative susceptible de créer du lien entre les habitants. Et donc difficile d’éloigner les fantasmes et les monstres qui surgissent dans les esprits laissés à eux-mêmes.
Le FN prospère dans ces milieux en déshérence. Toutefois, il est rassurant de constater que Hollande soit arrivé en tête dans ces communes car cela montre que le vote du premier tour – qui a été, notons-le, loin d’être majoritaire – est un signal. Un signal qui accompagne probablement une demande implicite d’accompagnement et d’aménagement plus équilibré des territoires.
C’est, à mon avis, avec la reconquête du système productif, l’un des enjeux forts du quinquennat à venir.

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