La culture Retailleau

La Culture c’est beau, ça fait bouger les lignes, ça transporte parfois vers un ailleurs nouveau. D’ailleurs, De Gaulle, en 1959, ne s’y était pas trompé, créant à la surprise générale un machin qui n’existait nulle part ailleurs dans le monde : un Ministère de la Culture, confié à André Malraux. C’était une époque où beaucoup nous enviaient peinture, littérature et autres cinéma. En terme d’effet tache d’huile, 1981 et Jacques Lang allaient aussi propulser la Fête de la musique à travers la planète.

Mais la culture, pour certains, ça fait peur. Des dévoyés qui osent des horizons incertains, on ne sait jamais ce que cela peut engendrer... C’est vrai qu’en 1933, place de l’Opéra à Berlin
des dizaines de milliers de livres ont brûlé, on connait la suite.

Plus localement, une certaine frange proche des idéaux de La manif pour tous, des Tea party à l’américaine et du mouvement réactionnaire Tradition, Famille, Propriété, pétitionne aussi depuis plusieurs années pour obtenir l’annulation du festival rock métal de Clisson, le Hellfest.

A peine élu, Bruno Retailleau, nouveau président LR de la région Pays de la Loire,  a saisi le premier faux pas, par ailleurs blâmable, d’un musicien américain appartenant à l’un des groupes annoncés en juin prochain, pour immédiatement annuler la subvention régionale à l’ensemble d’un évènement culturel de portée européenne, rassemblant généralement 150 000 personnes. Loupé, le Hellfest y survivra, heureusement.

Le 29 avril, bis repitita, Bruno Retailleau supprime le tiers du budget du festival de cinéma Cinépride programmé du 31 mai au 7 juin par le centre LGBT (Lesbien gay bi et Trans) de Nantes. Le nouveau président de la région n'apprécie pas le positionnement de l'association sur la gestation pour autrui (GPA).

Même le Figaro, donnant largement la parole à un membre du comité organisateur, Xavier Prieur-Hadjadj, semble trouver ça un peu raide : « Ils ont donné une belle satisfaction à un élu FN d'Angers et aux militants de la Manif pour tous qui sont en train de jubiler sur les réseaux sociaux». «Ces gens-là ont répété pendant des mois “Vous savez on a changé, vous savez on est différents”. En fait c'est une bonne vieille droite réactionnaire des années 1950 qu'on a aujourd'hui et qui s'oppose à la liberté culturelle».

Dans la foulée, le département de Loire-Atlantique, à majorité socialiste, a annoncé  son intention d'augmenter à titre exceptionnel sa contribution au festival Cinépride afin de «permettre son organisation».

Comme dit Pierre Perret « du ver de terre au rhinocéros, tout le monde le fait ». Mais visiblement certains voudraient y apposer leurs positions, une sorte de mission en quelque sorte.

Gageons, malheureusement, que nous aurons de nouveaux fronts contre une culture qui ne se suffit pas à célébrer, remémorer le passé, ou souligner les couleurs champêtres de nos bocages.

Arnolphe