jeudi 19 mai 2011

LE NUMERO 96 EST PARU

Retrouvez le tout dernier Anjou Laïque dans un nouveau format avec au sommaire :

- L'accouchement sous X remis en cause
- L'Afrique
- Les élections cantonales
- Culture : Le festival premier plans, Bel Oeil
- La rubrique associations
- Les humeurs de Nono en dessin
- de nombreux autres articles de société ...

mercredi 18 mai 2011

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Le numéro 96 de l'Anjou Laïque venant juste de sortir, vous pouvez télécharger le N°95 gratuitement en cliquant sur le lien ce dessous.

Bonne lecture


lundi 9 mai 2011

Etes-vous étonné des évènements en Tunisie ?

La réponse est non ! La question était surtout de savoir, quand laissera – t- on faire les tunisiens ? Quand la répression ne pourra t-elle plus aller jusqu’au massacre de la population pour mâter le soulèvement ?

Depuis une dizaine d’années, le mécontentement gagnait la majorité des tunisiens. Certes il s’agit d’une majorité hétéroclite, aux préoccupations parfois diamétralement opposées, mais le rejet de Ben Ali et plus particulièrement de son entourage composé de « nouveaux riches » n’ayant aucune légitimité aux yeux de beaucoup de tunisiens, en était l’élément fédérateur !

Il ne faut pas oublier les circonstances dans lesquelles ben Ali est arrivé au pouvoir ; après Bourguiba.
En 1987, ben Ali a été adoubé, à l’extérieur par les US et la France, et à l’intérieur, par ce qui restait de l’élite tunisienne, c'est-à-dire une petite bourgeoisie composée surtout d’arabophones qu’un Islam modéré n’effrayait pas. L’autre partie, francophone et francophile avait, déjà, quitté la Tunisie, effrayée qu’elle était, par la vacation du pouvoir (Bourguiba malade…) et  par l’éventuelle arrivée des islamistes radicaux au pouvoir.
Pour plusieurs raisons, ce changement de régime a été à l’origine d’une grande espérance. Tout d’abord, l’ambiance de fin de règne et les luttes au sommet du pouvoir ont été à l’origine d’une grande incertitude et d’une anxiété sur l’avenir dans différents secteurs de la société. Par ailleurs, la fin de règne de Bourguiba a été marquée par un renforcement de la répression du régime et de son caractère arbitraire avec la multiplication des arrestations et des procès politiques. Le plus important procès a été celui de la direction et des cadres du mouvement de la tendance islamiste avec des lourdes peines qui étaient, semble-t-il, loin de satisfaire un “père de la nation” de plus en plus absent et qui aurait aimé que le tribunal prononce des peines capitales contre certains dirigeants, et notamment Rached Ghannouchi, le leader du mouvement. (1)
  


Un accueil peu enthousiaste

Toléré au début de son règne, car perçu comme le sauveur d’une Tunisie délaissée, après Bourguiba, il a engagé des réformes pour desserrer l’autoritarisme de fin de règne de celui - ci. Des réformes politiques et économiques sont engagées:
•    Une réforme de la constitution (abolition de la présidence à vie, héritée du pouvoir précédent)
•    Des « reformes économiques » totalement issues de l’orthodoxie libérale (préparer le Tunisie à remplir les conditions du libre échange et donc satisfaire les critères de Maastricht ; pour conclure des accords avec l’union européenne)





Une transition vers l’économie du savoir et les nouvelles technologies dans un pays contraint !
 
Voulant dépasser la dépendance de la Tunisie envers une croissance fondée sur les faibles coûts de main d’œuvre, il met l’accent sur une compétitivité autour de la formation et des innovations.  Ces choix seront à l’origine d’un développement rapide des nouvelles technologies et particulièrement de l’Internet en Tunisie. Les « publinets » et les cybercafés vont se multiplier et la ferveur pour les nouvelles technologies va être grandissante dans les différentes régions.
La Tunisie va entrer de plein - pied dans le Web 2.0 et va s’inscrire dans la révolution des réseaux sociaux avec le développement de Facebook, de YouTube, des blogs et autres nouvelles formes de communication et de réseautage. Il faut aussi noter une généralisation des téléphones mobiles avec la libéralisation du secteur et l’apparition de trois opérateurs. L’internet et la téléphonie mobile vont converger rapidement pour offrir de nouvelles possibilités de communication avec notamment la transmission instantanée de photos et d’images vidéo.
Progressivement, le développement des nouvelles technologies sera à l’origine de la formation d’une nouvelle communauté et d’une cyber-société qui va échapper aux mécanismes de contrôle de l’Etat et aux tracas d’une bureaucratie tatillonne. Cette société jouera un rôle important dans la cyber-dissidence et dans la révolution du 14 janvier 2011.



Le retour à l’autoritarisme dès les années 90
 
Très vite, les contraintes internationales et sa faible capacité à convaincre à l’intérieur, vont être la cause d’un raidissement du pouvoir. D’abord, parce qu’il n’a jamais obtenu l’adhésion des dépositaires de l’héritage de Bourguiba (culture, laïcité, humanisme…), ensuite il a dû se priver, très vite,  d’une partie des arabophones tentés par le discours des islamistes ; voire des intégristes. L’opposition, à ces derniers, va lui permettre de justifier, la mise en place d’une dictature féroce.
Par ailleurs, la corruption et la mauvaise gouvernance, qui se sont  développées dès le début des années 1990, ont bénéficié surtout aux cercles les plus proches du pouvoir et aux différents clans mafieux. Ces pratiques ont été à l’origine de l’accumulation de grandes fortunes dans un temps très limité et surtout d’une mainmise sur d’importants secteurs économiques, notamment dans le domaine bancaire, dans le tourisme, dans la construction immobilière entre autres. Cette accumulation de fortunes et surtout son étalement obscène dont beaucoup de tunisiens en parlaient en secret et qui ont été révélées au grand jour après la révolution.
Tous ces éléments témoignent d’un processus de blocages qui gagne tous les rouages de la société tunisienne.
En Tunisie ou ailleurs, tout se passe comme si la dictature, à l’origine, l’œuvre d’une personne, devenait, par la suite, un système  pour “concilier“ des intérêts divergents : celui des tunisiens à l’intérieur et celui des grandes puissances à l’extérieur. Ce pouvoir ne durait que par la force et par, aussi, la volonté des grandes puissances. Il suffisait d’une étincelle !


Quelles en sont, d'après vous, les causes ?

Aujourd’hui ce type de pouvoir, devenant coûteux et gênant, n’est plus nécessaire aux grandes puissances avec la mondialisation et la généralisation du modèle capitaliste.
Peut – être pour certains, il fallait que cela change en Tunisie pour que rien ne change ! (bientôt en Egypte et dans d’autres pays, aussi sans doute)
 D’autres facteurs ont pu jouer aussi, principalement :
•    Une population instruite grâce à l’héritage de Bourguiba (dont le modèle était Atatürk) : république, éducation, valeurs de modernité (moins de place pour la religion, rationalité et les sciences…) et par la langue du français, l’ancrage de la pensée, en Tunisie, proche de l’apport des Lumières.
•    Un niveau de vie moyen en hausse, mais des inégalités qui devenaient de plus en plus intolérables.
•    Rôle de l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail), un syndicat historique en Tunisie (mouvance PC – PS …)
•    La passion pour la liberté et l’égalité a toujours existée depuis les années 50, seule la dictature était un frein, jusque là. Il a fallu attendre les conditions objectives du changement.
•    L’explosion des moyens de communications (internet, réseaux sociaux…) et leur mondialisation sont devenus un outil de fabrication d’une opinion publique qui précède parfois une conscience collective !   


Quelle évolution prévoyez-vous ?

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la puissante centrale syndicale. Forte de 500 000 adhérents, est la seule organisation de masse du pays après la déconfiture de l’ex-parti au pouvoir. Historiquement, sa base a toujours représenté un contrepoids naturel au système autoritaire établi. Aujourd’hui, elle est à la pointe du combat pour la défense des acquis de la révolution. Et pourrait jouer un rôle de rassembleur
A ce jour, l’absence d’une opposition organisée et de personnalités politiques affirmées, font que pour le moment, seules l’UGTT et la ligue des droits de l’homme sont les représentants crédibles de la mouvance moderniste et moins islamiste. Ces deux organisations continuent, en parallèle avec l’armée, de jouer désormais un rôle national pour permettre la réalisation des objectifs de la révolution. Elles soutiennent les représentants du pouvoir de transition quand  ils œuvrent dans le cadre du respect de la volonté populaire.
Après cette période d’euphorie et de liesse légitimes d’un pays qui vient de briser les chaines de l’oppression, il faudrait que celui – ci arrive à se doter de nouvelles institutions démocratiques solides pour donner au peuple tunisien une véritable  garantie qu’un retour en arrière sera impossible.
                                                                                         

                                                                                                        Hédi Djélassi   
(1) Source Réalité